lundi 17 novembre 2025

Qui furent les cathares ? Quelle est leur histoire ? Qu'en dit l'Histoire ?

 Arnaud Fossier, Les cathares, ennemis de l'intérieur, Paris, La Fabrique éditions, 2025, 191 p. notes

Ce petit ouvrage s'est donné pour objectif d'établir la vérité sur l'histoire des cathares. Toute la vérité ? Non, mais la vérité possible compte tenu des sources acceptables .... et elles sont rares. "L'objectif de ce livre est d'expliquer de quoi les cathares furent le nom, en prenant au sérieux les source dont nous disposons, mais aussi en mettant à bonne distance nos fantasmes sur le caractère prétendument "précurseur" des cathares", déclare Armand Fossier en introduction.
L'auteur est normalien, il enseigne l'histoire à l'Université de Bourgogne. Son ouvrage est complet comme en témoignent les abondantes et précises notes réunies en fin d'ouvrage ; mais le livre manque d'index et d'une bibliographie organisée, c'est bien dommage.

Ce livre sur les cathares examine l'une des hérésies "les plus célèbres du Moyen-Âge", entre 1160 et 1320. Cette histoire revint au goût du jour aux débuts de la Cinquième République. avec un grand nombre de best-sellers. La critique, souvent ironique, du livre de Emmanuel Le Roy Ladurie (Montaillou, village occitan de 1294 à 1324,  Paris) qui fut un grand succès médiatique et de librairie, est féroce. Quid de l'histoire "immobile" ? Que vaut le témoignage du registre de l'inquisiteur Jacques Fournier sur lequel se fonde souvent le livre ? Quel sont les filtres (culturels, socio-linguistiques) des dépositions des accusés, autres que "les procédés d'enquête du juge" ?

Conclusion : "la persécution crée l'hérésie" (p.165), or la persécution cesse avec le début des années 1300. L'auteur se fie plutôt aux travaux de Jean-Louis Biget (Mythographie du catharisme) qui voient dans l'épuisement du catharisme l'un des effets des changements économiques et dans le développement du rôle intellectuel de l'université de Toulouse. 

L'ouvrage est très agréable à lire, et décapant. En fait, l'auteur effectue surtout, aussi, à propos de l'histoire, un travail épistémologique qui pointe les principales sources de nos erreurs. C'est un travail de rectification, dirait Gaston Bachelard.

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