mardi 24 décembre 2019

Spinoza encore, un immense chantier épistémologique



Henri Atlan, Cours de philosophie biologique et cognitiviste. Spinoza et la biologie actuelle, Paris, Editions Odile Jacob, 635 p. Bibliogr., Index nominum, index rerum. 35 €.
Préface de Pierre Macherey

L'objet de ce livre est la philosophie de Spinoza qui écrivait au XVIIème siècle (1632-1677). Que peuvent en comprendre et en retenir des lecteurs du XXIème siècle, quatre siècles plus tard. Pour cet examen, l'auteur qui est biologiste, confronte les idées de Spinoza aux connaissances scientifiques actuelles en neurobiologie et en intelligence artificielle. L'ouvrage a constitué une thèse pour le doctorat en philosophie, thèse soutenue en décembre 2017.
L'auteur relit donc L'éthique de très près pour en isoler des lignes fondamentales qui peuvent et doivent retenir l'attention d'un lecteur moderne. En fait, cet ouvrage est une thèse de philosophie soutenue à Paris I en 2017, thèse qui fait suite à un cours à Johns Hopkins University aux Etats-Unis (Baltimore, 2007).

Henri Atlan veut aider les lecteurs actuels de L'éthique à "s'orienter dans la pensée", selon l'expression de Kant, à schématiser, à imaginer donc comme le souligne Pierre Macherey dans sa préface. Pierre Macherey, toujours Althusérien, voit dans ce spinozisme "une arme imparable pour combattre la philosophie spontanée des savants" et finalement, pour "en finir avec toutes les formes de croyance". Henri Atlan se sert de la philosophie de Spinoza, et de celle de Ludwig Wittgenstein, en ayant également pour objectif d'en terminer avec toute forme de croyance. Le rôle de "la petite physique" située entre les propositions 13 et 14 de la deuxième partie de L'éthique s'avère essentiel où Henri Atlan peut définir les conditions d'une morale pour une vie libre.
L'ouvrage de Henri Atlan se compose de deux grandes parties : dans la première, l'auteur lit Spinoza de manière originale, montrant comment il ne fonde pas une théologie, comment il lie matière et pensée, et comment il sait ne pas achever son travail par une absence de théorie physique générale.
La seconde partie concerne les rapports esprit / corps et traite de questions actuelles : la théorie de l'information, et une épistémologie pragmatique qui rend compte de données expérimentales et s'achève en un monisme que Henri Atlan décrit comme anomique.

Cet ouvrage est beaucoup trop complexe pour que l'on en rende compte en une page. Tout d'abord, il me faudrait le relire, et le relire encore. Ensuite, il faut en discuter les hypothèses et les conclusions de manière systématique pour y voir clair et les confronter à l'état actuel des sciences et techniques, biologie et intelligence artificielle. Mais, en le lisant à petites doses, lentement, on ne manquera pas d'être fasciné par le travail en cours, qui s'accomplit dans la lecture minutieuse, actuelle et ancienne, de Spinoza. En fait, une fois débarrassé du charabia de son époque, l'oeuvre de Spinoza se révèle assez contemporaine ; il ne se perd pas dans les rouages de la philosophie de son temps, pour peu que l'on sache l'en détacher, ce que fait Henri Atlan avec habileté. C'est toute une épistémologie que ce travail révèle et l'on se demande si un mode d'exposition nouveau ne permettrait pas de mieux lire, et Spinoza et Henri Atlan.

lundi 23 décembre 2019

Philosophie chinoise pratique : se passer de la volonté pour mieux agir


Romain Graziani, L'usage du vide. Essai sur l'intelligence de l'action, de l'Europe à la Chine, Paris, Editions Gallimard, 2019, 269 p.

C'est un ouvrage écrit par l'un des très bons connaisseurs de la Chine ancienne. Normalien, ancien de Harvard, l'auteur enseigne les études chinoises aujourd'hui à l'Ecole Normale Supérieure (Lyon). Il est aussi le rédacteur en chef de la revue Extrême-Orient Extrême-Occident. Ses recherches portent essentiellement sur l’histoire sociale et intellectuelle de la Chine ancienne.
Le plus désirable, c'est ce que l'on ne cherche pas, parce que si on le cherche, alors on ne l'obtient pas. Paradoxe de l'action volontaire ? L'action efficace n'est pas voulue, au contraire. Alors, que faire ?

Le livre porte sur les "méfaits de la volonté" car "tout se passe en fait comme si l'excès de conscience réflexive et le surcroît de volonté nous éloignaient irrémédiablement de la fin convoitée. Vouloir et pouvoir semblent se situer dans une relation directement antagoniste" : voilà, le problème est posé des états optimaux et réfractaires, qu'il s'agisse de vouloir s'endormir, d'effectuer des gestes sportifs (l'auteur évoque souvent le tennis), de se rappeler un nom, ou plus vain encore, la volonté de séduire ou de convaincre d'une idée voire d'une politique : "le seul fait de les intentionner les rend hors d'atteinte"... Romain Graziani s'appuie surtout sur la pensée chinoise et notamment sur le Zhuangzi (Tchouang-tseu), fameux texte chinois du troisième siècle avant notre ère ; mais aussi, il fait appel entre autres, à l'écrivain autrichien Robert Musil, à William James, Maître Eckhart, Alexis de Toqueville mais aussi à des mathématiciens tels Henri Poincaré (L'invention mathématique, mai-juin 1908) ou Alexandre Grothendieck, ou encore à Ovide, poète latin, et au penseur norvégien contemporain Jon Elster. Donc, il faut vouloir le non-vouloir. L'auteur n'hésite pas dans ce livre à "subvertir quelques oppositions bien établies entre le vouloir et le non-vouloir, la vigilance et la distraction, l'attention et la confusion, l'action et le non-agir".

"Vouloir, c'est ne pas pouvoir" car la volonté d'accomplir tel ou tel acte en empêche sa réalisation : l'auteur multiplie les exemples, empruntant à la philosophie classique autant qu'à l'histoire de la psychologie pour donner des conseils : déjouer l'emprise de l'intentionnalité dans chacun de nos gestes, aller vers le non-vouloir, le non-agir, formes souveraines de la volonté libre (ou libérée).
Belle démonstration de Romain Graziani mais nous restons malgré tout dans l'expectative : il fallait s'y attendre, et d'ailleurs, il nous a mis en garde. Que faire alors ? Rien ? Le non-vouloir, la rééducation de soi sont des solutions que suggère l'auteur. Mais ce n'est pas très certain ; l'analyse, la description des problèmes sont plus claires que les solutions, évidemment. En tout cas, voici un très beau livre qui donnera aux études chinoises classiques des perspectives nouvelles (appliquées) et actuelles.

mercredi 18 décembre 2019

Proust, encore, et toujours



Jean-Yves Tadié, Marcel Proust. Croquis d'une épopée, Paris, Gallimard, 2019, 376 p.

L'auteur de ce livre est le grand spécialiste contemporain de Marcel Proust : c'est à lui que l'on doit les quatre volumes de la dernière édition de la Recherche en Pléiade et de nombreuses études dont certaines sont présentes dans ce volume. Le titre reprend, quant à lui, celui d'un gros ouvrage sur Napoléon que l'auteur évoque à propos de son enfance.
Cinq cent personnages et des milliers de pages : la Recherche est une oeuvre immense et Jean-Yves Tadié, en grand Professeur, en évoque des moments, "l'épopée", les "croquis" et les petites histoires aussi dans cet ouvrage qui réunit une trentaine de ses contributions diverses au cours des dix dernières années : conférences, communications, interventions à des colloques, préfaces, articles parus ici ou là, dans Le Figaro ou la NRF... L'ouvrage comprend à la fois des articles fondamentaux et des articles anecdotiques, écrits en passant mais qui chacun ajoutent une note de plus au portrait infini de Proust, car on trouve de tout dans ce volume que l'on peut lire aussi en flânant, mais toujours pour mieux comprendre Proust.

L'ouvrage commence par une préface qui raconte l'entrée de Jean-Yves Tadié dans l'oeuvre de Marcel Proust car c'est une déjà vieille histoire qui remonte à ses années d'étudiant puis à sa thèse. En 1982, vient la demande de Gallimard pour une nouvelle édition, la seconde, de Marcel Proust en Pléiade, puis une biographie, puis une exposition à la Bibliothèque Nationale...
Le livre commence avec l'amitié, d'abord ; l'auteur, pourtant, après avoir répertorié des dizaines de connaissances de Proust, suppose que celui-ci ne connut véritablement que son oeuvre, et son travail créateur comme réseau d'amitiés.

Le livre va ainsi de Versailles, où Proust se réfugie après la mort de sa mère, à Cabourg, à Pompéi... On y trouve aussi Proust pianiste et les musiciens, dont Reynaldo Hahn qui fut son amant ; on y trouve aussi, bien sûr, la fameuse sonate de Vinteuil (César Franck ou/et Camille Saint-Sens ou/et Gabriel Fauré ? Un peu des trois, sans doute). Et puis voici Marcel Proust et la peinture, avec Elstir et les oeuvres de John Ruskin jusqu'au "petit pan de mur jaune" de Vermeer de Delft ; et puis, voici les tableaux de Chardin et surtout ceux de Claude Monet, son peintre préféré, mais l'on rencontre encore Paul César Helleu, Gustave Moreau et James Whistler. Combien de ces personnages sont-ils devenus des héros du musée imaginaire de Proust ?
Un article est consacré au journalisme ; il commence par un inventaire des contributions de Proust aux revues et à la presse : Le Figaro, bien sûr, mais aussi la Nouvelle revue française, la Revue blanche et des dizaines d'autres... et ce, dès l'enfance, souligne Jean-Yves Tadié. Marcel Proust se voulait journaliste. A propos de la presse, il écrira, entre autres, sur la "réalité mortelle du fait divers", sur "la misère du globe", réservant en revanche aux revues des textes plus approfondis ou les gardant pour lui, comme le "Contre Sainte-Beuve" (refusé par Le Figaro). Car Marcel Proust, et Jean-Yves Tadié le rappelle, est mal accueilli par la presse, qui, pour l'essentiel, l'ignorera. Signalons encore, dans ce livre, un article sur Baudelaire, un tout petit sur Bergson, son cousin, une préface sur Claude Debussy (cf. Claude Debussy à la plage), un texte sur Lionel Hauser, banquier et petit-cousin, un texte sur sa voisine, le commentaire de l'un des trois questionnaires de Proust, etc.
Nous trouvons dans ce livre également deux préfaces à des éditions de Gallimard : l'une à Jean Santeuil, l'autre à Un amour de Swann.

Alors, Proust aujourd'hui ? D'abord, il n'apparaît pas chez Sartre, ni Malraux et à peine chez Camus. En revanche, en chinois, en japonais et en anglais, on compte déjà trois traductions dans chacune de ces langues. Mais laissons le dernier mot à Jean-Yves Tadié : "Reste la pensée de ce roman qui n'arrête pas de penser. L'intrusion de la philosophie dans le roman en change l'interprétation : c'est la pluralité des significations qui se superpose à la singularité de l'anecdote ; c'est l'arrière-plan, et non plus le plaisir de la surface ; c'est la verticalité de la question, non l'horizontalité de l'intrigue. Le sens est infini, non l'anecdote". Le livre de littérature devient donc aussi philosophie ; parti du journalisme, Marcel Proust finit en philosophe.
Voici un ouvrage à lire pour voir Marcel Proust autrement, pour le lire mieux, le comprendre davantage.

Notons enfin que, cette semaine, le FigaroSCOPE titre "A la recherche de Marcel Proust" (cf. la photo de la une, supra) pour célébrer le centenaire de son prix Goncourt et propose une promenade dans Paris pour le retrouver.

lundi 16 décembre 2019

Comeback à Tübingen. Exposition



COMEBACK. Kunsthistorische Renaissance, Kerber Art, Kunsthalle Tübingen, 150 p. Werkliste pp.143-149

L'ouvrage concerne l'exposition qui se tient à Tübingen, en Allemagne. L'exposition rassemble une centaine d'oeuvres d'une trentaine d'artistes contemporains qui font revivre à leur manière, dans leurs propres tableaux, des tableaux plus ou moins célèbres.

Ainsi Christian Jankowski fait revivre Un Atelier aux Batignoles de Henri Fantin-Latour (1870). Yinka Shonibare CBE en 2011 reprend le Morte de São Francisco (1593, Bartolemeo Carducho) : s'il conserve bien sûr la disposition des personnages, ce ne sont plus toutefois des religieux ; quant au personnage central, il s'agit désormais d'une femme, belle et élégante, qui tend au mourant une mince bougie (Fake Death Picture, 2011). Le même modèle pose d'ailleurs, avec le même costume pour une mort de Chatterton, le poète anglais dont Alfred de Vigny fit un héros romantique.

Le tableau 3 mai 1808, de Francisco Goya est repris par Jose Manuel Ballester dans un tableau intitulé 3 de Mayo 2008 dans lequel ne restent plus, dans le même cadre, que les traces à terre des vêtements des condamnés : les soldats du peloton d'exécution et les condamnés ont disparu mais l'on voit le lieu du crime parfaitement, avec les bâtiments et l'église en arrière-plan. Le tableau de Léo Caillard (en couverture du livre), Hipster in stone XII modernise une statue célèbre en lui ajoutant un smartphone, un T-shirt sous la toge et les lunettes de soleil ; ces accessoires raniment un héros ancien, impérial, alors que de son geste, il prend un selfie.
Ce sont de véritables appropriations que montrent les tableaux de lza Lou (The damned, 2004) ou Christian Jankowski qui reprend et modernise un Matisse (Neue Malerei, Matisse II 2018) où une danseuse fait bien voir ses chaussures (ce sont des Nike), un Cranach ou un David, un Rembrandt, un Van Gogh... Le tableau d'Henry Wallis (1856) qui montre le poète Thomas Chatterton qui s'est suicidé très jeune : la bouteille d'arsenic est au premier plan, comme dans le tableau original, est repris par Yinka Shonibare CBE. Seuls quelques éléments de la mise en scène ont été modifiés : le costume, la fenêtre qui ne donne sur rien alors qu'elle donne sur des bâtiments de Londres dans le tableau imité, la fleur en pot bien plus discrète sur la fenêtre...

Toutes ces révisions de tableaux célèbres donnent à revoir à des spectateurs modernes, actuels, les tableaux anciens (comeback) et invitent à y réfléchir. Non sans ironie. Les oeuvres les plus célèbres de l'histoire de la peinture sont ainsi mises à jour, et leur imitation leur fait dire bien d'autres choses que l'original... Mais dans combien de temps faudra-t-il les reprendre alors que l'on se saura sans doute plus ce qu'est un smartphone, un selfie ?

lundi 2 décembre 2019

Des artisans du texte en Egypte ancienne


Chloé Ragazzoli, Scribes. Les artisans du texte en Egypte ancienne, Paris, 2019, Les Belles Lettres, 710 p. , Chronologie, Inventaire des manuscrits de miscellanées sur papyrus connus, Table des figures, Index divers (Toponymes et ethnonymes, Divinités, Anthroponymes, Chapelles de tombes, Expressions et mots égyptiens commentés, Titres égyptiens, Res notabiles, Principales sources textuelles traduites).
Préface de Christian Jacob.

C'est un ouvrage de référence, un ouvrage fort savant de recherche égyptologique qui porte sur les scribes. Il reprend le texte d'une thèse soutenue en 2011. Le scribe est en effet incontournable dans la culture égyptienne, à la fois rouage administratif et passeur de la culture lettrée. L'auteur veut redonner au scribe son "autonomie de pensée et de culture". Pour cela, elle rouvre le dossier "en prenant au sérieux ce que les scribes disent et ce qu'ils font". La période de référence s'étend du quinzième au dixième siècle avant notre ère, le Nouvel Empire avec Hatchepsout, Thoutmosis III, Akhénaton, Toutânkhamon ou Ramsès II. C'est une époque de conquête, le royaume s'étend.
L'écriture du scribe est le hiératique, une simplification courante des signes hiéroglyphiques ("écriture monumentale") ; c'est ainsi que sont composés les textes officiels, textes de droit, de savoir et de littérature qui assurent aux scribes un rôle de "contrôleur et de courroies de transmission de l'Etat égyptien". Ce savoir et ce savoir-faire pratique font d'eux une "élite intermédiaire au sens large", les hiéroglyphes étant beaucoup plus rares. L'auteur prend comme source essentielle de son travail les Late Egyptian Miscellanies (1295-1069 avant notre ère) avec les documents d'autoprésentations funéraires (tombes privées) et les inscriptions laissées par les visiteurs des monuments (graffiti, ostraca, etc.).

A cette époque, "l'écriture demeure une corvée" : le travail d'écriture relève des scribes qui en ont le quasi-monopole et assurent le travail de l'Etat et de son administration. Dirigé par le vizir, l'Etat administratif (justice, ressources royales, armée et temples) gère l'économie et l'appareil idéologique de l'Etat : l'inventaire des biens, la collecte des impôts, la surface agricole, la production sont au coeur du travail bureaucratique des scribes. Et c'est ce travail que prend pour objet l'auteur, ou plus exactement, celui de "monde social" des scribes, notion qu'elle emprunte aux travaux de Anselm L. Strauss sur le "monde social". Enfin, notons que Chloé Ragazzoli ne s'en tient pas au strict contenu des miscellanées, à leur épistolarité, elle les examine plus largement pour en dégager "une machine à faire des livres". En fait, son travail conduit le lecteur de la matérialité de l'écriture à la religion des scribes, et donc à une réflexion sur les outils qui permettent l'élaboration d'une pensée abstraite égyptienne, qui, comme l'écrit l'auteur, donne naissance à "une archéologie des savoirs théoriques et pratiques du scribe".

Il s'agit par conséquent d'un vaste ouvrage, remarquablement illustré où les croquis, les représentations n'ont pas pour objet de faire beau mais de faire comprendre, de mettre en lumière ; le livre est parfaitement composé pour donner à comprendre le travail des scribes et le "monde des invisibles", leur monde social comme l'évoque Christian Jacob dans sa préface. Chloé Ragazzoli lit le travail des scribes sérieusement, rigoureusement, et elle fournit une contribution importante à la recherche égyptologique, d'une part, et à l'histoire des cultures, d'autre part.
Les scribes font appel à d'autres outils intellectuels que ne le feront les Grecs, l'auteur parle des "images-concepts" qui constituent les "catégories épistémiques de la pensée égyptienne" de cette époque. En conclusion, l'auteur note modestement que les notions d'office et de fonction sont omniprésentes dans l'activité des scribes. Mais, quel était le véritable pouvoir des scribes, quelle était leur place ? Pouvoir administratif et institutionnel des activités, certes, mais pouvoir culturel aussi car, comme l'évoque Chloé Ragazzoli, ces miscellanées constituent une véritable machine à lire et à écrire, ils sont plus que des ensembles de textes et constituent également un véritable outil de production littéraire, la "miscellanéité".
Les scribes s'avèrent des acteurs d'un monde lettré que ce travail examine minutieusement, allant des opérations cognitives au contenu littéraire qu'elles régissent. Superbe travail que cette thèse, minutieuse et globalisante qui redonne vie à une époque pour l'essentiel méconnue. Et le livre se lit aisément, il est clair, habilement documenté, bien construit. Même si l'on n'est pas spécialiste, et c'est mon cas, il est passionnant et riche en suggestions pour d'autres domaines de la sociologie de la culture.