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lundi 20 août 2012

Le haut débit, évolution probable du marché français

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CNC, L'utilisation des réseaux haut débit en France, juillet 2012, 62 p. Glossaire. Etude confiée à l'IDATE.

Les principaux débats sur les médias ont pour point commun l'utilisation des réseaux haut débit : télévision connectée, téléchargements illicites, vidéo sur mobile et sur IP, etc.

Le document du CNC se compose de trois parties : 
  • le fonctionnement des réseaux : les principes et les innovations technologiques, leur impact sur les fournisseurs de contenus.
  • l'estimation de la bande passante vidéo pour les réseaux fixes et mobiles
  • l'évolution de la bande passante à l'horizon 2015
Les prévisions reposent sur des scenarii de développement dans lesquels interviennent trois variables essentielles : la place de la télévision connectée, l'évolution du piratage, l'importance de la VOD. L'IDATE est prudente voire circonspecte pour ce qui est de la télévision connectée. L'évolution du piratage semble devoir être quelque peu endigué… La VOD et la télévision de rattrapage se généralisent.
Conclusion : à terme, l'évolution globale favorisera les formats longs, la qualité de l'image, la vidéo sur les réseaux mobiles.

L'ensemble du rapport est clair, concis, efficace. Au plan de la réalisation, pour une mise à jour, on peut souhaiter un glossaire plus complet conçu davantage comme un outil. Le travail de définition est fondamental puisque le document doit être lu au-delà des milieux spécialisés et parce que nombre de définitions, désarticulées, semblent arbitraires (idiolectales !). Relier les définitions entre elles lorsqu'elles se précisent mutuellement (articulation des concepts). Rien ne va sans dire : "bande passante" n'est pas dans le glossaire, pas plus que OTT ou "réseaux managés". Enfin, on voudrait des exemples, des noms d'entreprises. Ne pas en rester à des approches générales, abstraites. Pas de langue de bois ! 

Ces remarques pour dire notre respect pour l'incomparable travail accompli par la direction des études, des statistiques et de la prospective du CNC, dont ce document n'est qu'un exemple.
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mardi 30 août 2011

France des villes, France des champs


.François Clanché, Odile Rascol, "Le découpage en unités urbaines de 2010"INSEE Première, N° 1364, août 2011

L'urbanisation de la France se poursuit. En 1936, au temps du Front Populaire et des premiers congés payés, un peu plus de la moitié des habitants vivaient en ville ; aujourd'hui, ils sont plus des trois quarts (77,5%). L'étalement urbain se poursuit : baisse de la densité des territoires urbains. La ville mange la France, le territoire urbain absorbe la campagne, à petites bouchées (21,8% de la surface). Cet accroissement est d'abord le fait des plus petites unités urbaines (moins de 10 000 habitants).

La France compte 29 343 communes rurales et 7 227 communes urbaines ; dans cette analyse démographique du territoire, il faut considérer à part l'unité urbaine de Paris, avec ses 10,3 millions d'habitants, tandis que Lyon, tout comme Marseille-Aix-en-Provence, n'en comptent que 1,5 million. Si l'on ne peut plus opposer aussi brutalement "Paris et le désert français" (J-F Gravier) qu'en 1947, le déséquilibre reste frappant. Notons que dans les 5 départements d'outre-mer, l'urbanisation est beaucoup plus élevée qu'en métropole (98% en Guadeloupe).

Le travail des deux chercheurs de l'INSEE permet de disposer pour les unités urbaines de données à jour, claires et distinctes, fondées sur des définitions rigoureuses :  l'unité urbaine est définie pour les villes de plus de 2000 habitants, par le bâti continu (sans interruption spaciale de plus de 200 m). On compte 7 227 unités urbaines (dont 61 de plus de 100 000 habitants, regroupant 2010 communes), selon le zonage de 2010 que vient de publier l'INSEE. Lorsqu'elle s'étend sur plusieurs communes, l'unité urbaine est dite "aggloméation multi-communale". Certaines unités urbaines sont multi-nationales (Lille, Strasbourg, Valenciennes, Bayonne, Maubeuge).

Quelques références
INSEE, Unités urbaines de plus de 100 000 habitants en 2010
INSEE, Le nouveau zonage en aires urbaines en 2010
MediaMediorum, France des villes, France des champs
INSEE, Chantal Brutel, Un maillage du territoire français

Pour la publicité et les médias, la géographie de la population française n'est pas commode à exploiter, mais elle est indispensable, qu'il s'agisse du ciblage, du géomarketing, de la réglementation de l'affichage, voire même des quotas de sondages utilisés par les enquêtes. La géographie est indispensable également pour analyser et suivre l'aménagement du territoire cinématographique, la relation entre urbanisme et équipement en salles (cf.  les travaux du CNC, par exemple : "La géographie du cinéma", septembre 2011).

Les développements du géomarketing, du mobile et du local (voire de l'hyperlocal) rendent la notion d'unité urbaine encore plus nécessaire. Il ne suffit pas de géo-localiser un contact publicitaire ou commercial avec l'adresse IP ou longitude / latitude, encore faut-il caractériser cette origine géographique de façon opérationnelle. Ceci vaut a fortiori pour les enquêtes par téléphone, postales ou face à face. L'opposition canonique rural / urbain, souvent utilisée par les enquêtes, est peu discriminante et peut être remplacée par une typologie des unités urbaines, selon les tailles. De plus, la notion d'unité urbaine présente l'avantage de transcender les découpages politiques, même nationaux, et administratifs qui présentent peu d'intérêt pour le marketing, sauf d'être commodes (département, régions INSEE, etc.).

L'exploitation publicitaire de ces données reste à mettre à jour.
  • Quels sont les styles de vie propres à ces unités urbaines ? A quoi corespondent les écarts de croissance démographique observés entre les unités urbaines, selon leur taille ? 
  • Qu'est-ce qu'un mode de vie rural dans une France de moins en moins agricole ? 
  • Faut-il partir de ces oppositions géographiques pour constituer des quotas pour les études médias (cadrage) ? 
  • Que vaut encore la notion de "rurbain" forgée dans les années 1970 et qui fonda, entre autres, le marketing de l'affichage ? L'étalement urbain n'est pas "la ville éparpillée" de la rurbanisation (G. Bauer, J-M. Roux, Paris, Seuil, 1976), définie comme "imbrication des espace ruraux et des zones urbanisées".

samedi 21 mai 2011

Cinéma numérique. Regard Positif ?

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La revue mensuelle Positif consacre, dans son numéro de mai 2011, un dossier au cinéma numérique, à la fin de la pellicule photochimique ; dossier coordonné par Jean-Pierre Berthomé. Six éléments constituent ce dossier concis (26 p.), précis et synthétique, faisant le tour de la "révolution numérique" : les décors, l'étalonnage, le montage, le son, la dématérialisation des copies et la restauration numérique des films anciens (cf. sommaire exact du dossier).

Mai 2011, N° 603, 7,8 €
Quelques notes de lectures.
Tout d'abord, l'opposition analogique / numérique, commode, se révèle confuse et, sur certains points, erronée (cf. la "fausse homogénéité des techniques pré-numériques") ; elle apparaît surtout comme une reconstruction avantageuse pour reléguer des techniques anciennes que supplantent "des" technologies numériques, pour le meilleur et pour le pire. Michel Chion dans son article sur les "sons numériques" stigmatise la notion de "numérique" et montre qu'elle mêle, selon lui, des aspects hétérogènes : la miniaturisation des appareils, le montage virtuel et le rapport signal/bruit. L'auteur développe à cette occasion une critique féconde du technicisme.
Avec le montage virtuel, qui commence avec "Coup de coeur" (1981) puis "Cotton Club" de Francis Ford Coppola, on assiste au développement d'innombrables versions (relevant davantage des marketing cuts que director's cuts). Le numérique confère au cinéma la pluralité des variantes, la trace des brouillons, alors que la littérature les voit disparaître.
L'équipement des salles, commencé en 2005 à l'occasion de "Star Wars 3", s'achèvera fin 2012. Toutes les salles seront alors équipées pour le numérique ; afin de donner une chance à toutes les salles (coût : 80 000 € par salle), le CNC a mis en place une aide sélective pour l'équipement des salles  (loi du 30 septembre 2010). La disparition prévisible des copies et des laboratoires qui s'en suivra risque d'entraîner la disparition des projections de films anciens, et, par voie de conséquence, de certaines formes de cinéphilie.
Alors intervient la réflexion sur la restauration (recadrage, colorisation) des films. Cette restauration pose les questions de la cohérence d'une oeuvre avec une époque et sa technologie, et de son intégrité même. Là où l'on met en avant la capacité de diffuser des films anciens sur les réseaux numériques (TV), François Ede souligne un danger potentiel pour la préservation des oeuvres. Le musée numérique du cinéma dit analogique est encore à imaginer. Notons que le dossier semble ne pas considérer la difficile compatibilité du cinéma numérisé avec une quelconque "chronologie des médias".

Contrairement à l'enthousiasme, béat et intéressé, qui préside d'habitude à la célébration courante et convenue de la révolution numérique, célébration aveugle qui accompagne, pour les justifier toujours les investissements de modernisation, ce dossier dégage les enjeux de tous ordres liés au "tout numérique" dans le cinéma. Important rappel : les avantages indiscutables et spectaculaires des techniques numériques ne vont pas sans contre-parties. Comment limiter au mieux, si cela est possible, certaines des retombées négatives de cette révolution conduite par les intérêts économiques sans souci, souvent, des aspects artistiques.
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