lundi 18 novembre 2019

Les Arts déco, un art de vivre en mer, dans les années trente


L'art déco, un art de vivre. Le paquebot Ile-de-France

Exposition au Musée des années 30, Boulogne-Billancourt

Cette exposition, qui s'est amarrée à Boulogne, décrit le style de vie d'une époque, d'une classe sociale. Car ce qu'elle décrit surtout, c'est le style de vie de gens très riches, pour qui la vie est un voyage heureux dans un cadre exceptionnellement luxueux. L'exposition, typique de cette classe et de ses divertissements pendant les années trente, a lieu au quatrième étage du musée.
C'était l'époque des Arts Décoratifs et Industriels, avec sa mode, son fumoir, ses  salles de cinéma, sa bibliothèque et ses salons de thé... Le mélange des photos, de la vaisselle et de du mobilier font revivre pendant quelque temps cette époque et cette classe-loisirs ; en tout point, elle évoque Thorstein Veblen (1899) qui la caractérisait par une "conspicuous consumption" ou "conspicuous leisure", classe pour laquelle les loisirs sont tout le travail de distinction et réclament un effort continu. Et c'est en quelque sorte, le cadre et les conditions de ce travail que l'on peut observer dans cette exposition. Belle exposition, qui montre le style de vie de la classe riche et bien élevée de cette époque ; on y voit des meubles, de la vaisselle, des tableaux, des jouets, de la verrerie...


Fauteuils de
Jacques Emile Ruhlmann
Fauteuils de 
Jacques Emile Ruhlmann

Le journal du bord



The Last Voyage
L'exposition montre donc le style de vie de cette classe qui savait si bien vivre. Bien sûr, pendant ce temps, l'Allemagne allait mal, de plus en plus mal, mais on n'en dit rien... avant que le bateau ne soit converti pour le transport de troupes pendant le second conflit mondial ("la parenthèse militaire", dit l'exposition). La gastronomie est l'essentiel avec le sport et les moments de détente et de socialisation. "C'est une création, faite d'ordre, de mesure, de beauté, où tout répond à une destination, à un plan logique conçu à la fois pour contenter la raison et pour donner à l'esprit cette satisfaction qu'il retire de la présence de l'art", dira un magazine de l'époque, pour évoquer l'ambiance du voyage transatlantique. Baudelairien presque : "Là, tout n'est qu'ordre et beauté // Luxe, calme et volupté // Des meubles luisants/ / Polis par les ans //Décoreraient notre chambre"...  Le voyage, de Paris à New York, durait près d'une semaine sur cette ville flottante qui mesurait 241x 28 mètres pour 1550 passagers dont 639 en première classe et plus de 800 pour le personnel. Les femmes n'y apparaissent que comme divertissement, illustrant la mode qui les met à leur avantage. Une partie importante de l'exposition est également consacrée aux enfants dont le style de vie singe celui des parents.

En 1959, le bateau qui n'est plus rentable est vendu à une société japonaise ; il sera loué à la Metro Goldwyn Mayer pour qu'y soit tourné "The Last Voyage" ("Panique à bord") : ce sera effectivement son dernier voyage...

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