L'exemple de quelques grandes entreprises qui ont associé innovation, qualité des produits et performance financière fait rêver les gestionnaires, et quelques citoyens, et tout particulièrement les citoyens contribuables. "Que ferait telle entreprise à votre place" (Chrysler, Google, Disney, Pixar, etc.), se demande-t-on dans des ouvrages apologétiques, plus ou moins vite fait mal faits. Pourtant, l'idée d'un analyseur comparatif décalqué des entreprises numériques (Google, Amazon, Apple) peut séduire ; il s'agirait d'effectuer des expériences de pensée (Gedanken Experiment) pour tester la gestion politique, expériences semblables à celle du malin génie de Descartes ou du chat de Schrödinger, en d'autres domaines. Que peuvent en espérer les sciences des organisations politiques ? On pourrait confronter Rousseau, Marx ou Arendt aux observations du fonctionnement de ces entreprises... Quelles différences entre les sciences de gestion et les sciences du politique ?
En un bref post, Francis Pedraza imagine la gestion du gouvernement américain revue par celle de Apple. Libre à vous de transférer et adapter ces questionnnements à d'autres ensembles politiques : région, commune, nation...
Voici résumées les recommandations du Président Jobs selon ce post :
- Recentrer l'administration sur les usagers /clients, sur les besoins quotidiens surtout non dits (non dicibles). On ne gouverne pas avec des sondages. Plutôt des observations quali : "listen to what people don't say; qualitative insights into people's everyday lives give us the best clues to their needs and design solutions". Steve Jobs se méfie des focus groupes.
- Définir les priorités et refuser le reste. Concentrer les interventions des impôts de l'Etat sur ce que le secteur privé ne sait pas faire. Eliminer le gaspillage. Savoir dire "non".
- Un président doit savoir être impopulaire auprès du microcosme des pseudo porte parole : politicien, élus, administrations, communicateurs de tout poil, lobbyistes, journalistes. "Impopular in DC" ! Pas de compromissions.
- Innover à partir de propositions issues de l'ensemble de la population plutôt que concoctées par de pseudo experts (crowd sourcing). L'auteur évoque la législation fiscale américaine pour illustrer un désastre patent que pourrait corriger une initiative populaire.
- En finir avec des communications gouvernementales sans objet défini et aux objectifs invérifiables. Les remplacer par des communiqués trimestriels clairs, exposant un contenu primordial et des promesses tenues.
- "It's time for a new social contract. Demand it". C'est la conclusion. Traduction inutile.
Voteriez-vous Jobs ?
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Un élément essentiel semble avoir été oublié dans cette analyse comparative : l’aspect commercial.
RépondreSupprimerEn effet, la relation qu’entretient Apple avec ses partenaires commerciaux, notamment les éditeurs ou encore les créateurs d’applications, est totalement déséquilibré et suscite de plus en plus de contestation, sans qu’aucune alternative sérieuse ne se présente toutefois. Comment retranscrire ces relations commerciales tendues au niveau d’un Etat ? Un tel système ne pourrait être viable car un rapport de force quasi certains finirait pas dégrader les relations établies. Or il est clair que les relations interétatiques sont fondées sur du long terme et faites de nombreuses concessions.
Ainsi c’est donc la dimension commerciale qu’entretiennent Apple et donc Jobs avec ces « partenaires » qui pourrait mettre fin à l’éventuel gouvernement « Jobs ».