mercredi 9 novembre 2022

Une école privée juive et républicaine en proche banlieue parisienne

 Joseph Voignac, Juive et républicaine. L'école MaImonide, 219 p. Bibliogr.

En octobre 1935, alors que l'Allemagne se laisse aller, avec ferveur, à l'antisémitisme, la France crée et ouvre une école s'adressant à la population juive. En juin 1939, cette école commémore le cent-cinquantième anniversaire de la Révolution française, mais elle doit disperser professeurs et élèves quelques mois plus tard, en septembre 1939, pour ne rouvrir qu'en septembre 1945. Elie Wiesel y sera élève, quelques semaines. Le premier lycée juif est créé : ce sera le collège Maïmonide, bientôt situé au 11 rue des Abondances, à Boulogne-Billancourt. On y entre après un examen d'entrée, comme en tout établissement secondaire de l'époque. Aujourd'hui, l'école Maïmonide est sous contrat d'association avec l'Etat ; ses enseignants, ceux qui enseignent les matières laïques, sont payés par l'Etat et ils/elles ne sont pas tou-te-s juifs.

Dans l'histoire de cette école, il y a ensuite l'arrivée en France des Juifs d'Afrique du Nord, entre 1950 et 1970, plus de 200 000 immigrés qui, pour beaucoup, cherchent une école pour leurs enfants, et une école avec internat : choc des cultures entre deux traditions, l'une, ashkénaze, venant d'Europe de l'Est et l'autre, séfarade, venant du Maghreb. Et puis, il y a aussi la solidarité avec Israël, célébrée lors de la guerre des Six Jours. Mais la résistance aux risques d'attentats antisémites transformera aussi l'école, protégée par des soldats.

David Messas prend la direction de l'école en 1968 avant de devenir grand rabbin de Paris. Maïmonide ouvre enfin une école maternelle ; dès lors, la formation est complète, de la maternelle au baccalauréat. Les locaux sont modernes et "Maïmo" recrute désormais des enfants dont certains parents sont eux-mêmes des anciens élèves.

Le livre raconte l'histoire de cette école qui s'est fortement professionnalisée et compte environ 1500 élèves. Elle est solidaire de l'histoire de la France juive. Son architecture a bien changé, modernisée. Mais elle est restée républicaine et quelque peu bourgeoise, conciliant pourtant parfaitement le judaïsme et la république. Elle ne vise pas uniquement à former des rabbins mais surtout des cadres pour la république. Comment, dans une époque marquée par des attentats antisémites, concilier cet espoir d'ouverture avec la prudence que réclament parents et enfants ? 

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