Michèle Halberstadt, Née quelque part, Paris, Albin Michel, 254 p.
Comment peut-on s'appeler Halberstadt ? Bonne question, que ne se posait pas alors le prof de médias, germaniste quand même, qui à, Sciences Po, faisant l'appel, prononça le nom comme il convenait. A l'allemande. "C'est bien la première fois depuis que je suis ici", nota l'étudiante, doucement impertinente.
Des années plus tard, je retrouve Michèle Halberstadt à la vitrine des libraires. Et le livre qui reprend cette question : comment peut-on s'appeler Halberstadt ? Bonne question ! Et le livre tente d'y répondre. C'est un livre d'enquête et l'on suivra la narratrice en Allemagne, en Pologne, à Johannesbourg, à Varsovie...
Freud est du voyage, bien sûr. Avec sa famille. Avec Max Halberstadt, à Hambourg, qui fume des cigares trabucos, comme Freud, qu'il prend en photo. Et tout le livre se feuillette, comme cela, passant d'un personnage à un autre, de la vie de l'auteure à celle de ses rencontres, et de ses yeux, couleur de lassitude. Et l'on croise Heinele, petit-fils de Freud, et la tombe d'un très jeune enfant grâce à qui elle ne fume plus. "Tu es ma compagne de l'ombre".
Et viennent encore des souvenirs de l'enfance, de Hanoukka, des parents aussi, d'un disque des Beatles acheté alors. "Come Together". Et les parents retrouvés sur le bateau ! Et puis, c'est le pèlerinage à Varsovie, un progrom, puis on arrive à Treblinka... Le livre s'achève bientôt. Halberstadt, "un nom pour échapper à l'oubli. Un nom pour dire : "Voilà d'où je viens." Le livre est merveilleusement écrit, on s'y perd et l'on s'y retrouve, sans cesse, pour que l'on se demande nous aussi, d'où l'on vient, et où l'on va. L'auteur a su mélanger ses souvenirs, son présent, l'histoire : le montage est excellent. Un excellent film, ou, mieux, une belle émission de radio.
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