Alain Cabantous, Le dimanche, une histoire. Europe occidentale (1600-1830), Seuil, 2013, 363 p.,
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Cet ouvrage couvre deux siècles de l'histoire européenne du dimanche, deux siècles qui précèdent et annoncent l'entrée dans une ère de plus en plus industrielle et laïque. Ce travail d'historien est méticuleusement documenté (80 p. de notes et une quinzaine de tableaux statistiques). Les pages consacrées à la culture matérielle de l'endimanchement (vêtements, cuisine. cf. p. 212 sq) sont malheuseusement trop brêves. Consacré à la famille, le dimanche est aussi un jour de cuisine et de bons desserts (cf. ci-dessous : "les classiques du dimanche)
Le dimanche s'est institué en Europe au cours des siècles d'hégémonie chrétienne. Cette institutionalisation ne fut pas aisée. Elle s'effectua contre la tradition juive du Shabbat que souhaitaient suivre certains chrétiens. Elle s'effectua aussi contre ceux qui revendiquaient l'égalité des jours de la semaine et notamment le droit de chacun à travailler à sa guise.
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Les législations ultérieures accorderont une place croissante à l'activité marchande dominicale (ouverture des magasins) et l'on peut aisément imaginer que rien ne stoppera l'érosion du dimanche, conformément à l'idée nouvelle que l'activité économique et l'activité médiatique ne doivent jamais s'interrompre.
Après un premier chapitre rappelant les luttes politiques, syndicales dont le "repos dominical" a été l'enjeu récemment (enjeu relancé en septembre 2013, cf. la Une de l'Humanité ci-contre), l'ouvrage d'Alain Cabantous est centré sur l'évolution du dimanche dans la vie sociale et religieuse chrétienne, catholique et protestante.
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Ainsi, l'enjeu du débat sur le dimanche, qui commença comme une question religieuse, s'élargira au cours du XIXème siècle, pour concerner finalement la vie familiale, la cité et la santé. Proudhon signe en 1839 un texte au titre emblématique, répondant à une question mise au concours par l'académie de Besançon : "De la célébration du dimanche considérée sous les rapports de l'hygiène publique, de la morale, des relations de famille et de cité". Laïcisé, le dimanche modifie son statut : jour de repos, de loisir, de vie familiale, il est d'abord le seul jour de la semaine qui ne soit pas "donné" au seigneur, au patron". C'est le début d'une revendication : "Versons // Le dimanche sur la semaine // Est-il sage de s'ennuyer six jours sur sept ?", revendiquait Victor Hugo. Dimanche, "jour du Seigneur" (du latin d'église dies dominicus d'où vient le mot "dimanche") donnera son nom, dès la fin des années 1940, à une émission de télévision retransmettant la messe catholique en direct, chaque dimanche matin. L'émission est diffusée par France 2 (10h30-12h).
* Sur une vision mélancolique du dimanche, voir le roman de Jean de le Ville de Mirmont, Les dimanches de Jean Dezert, 1914, rédité à La Table Ronde en 2013, avec la Préface de François Mauriac.
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