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L'économie de la télévision. Financements, audiences, programmes, septembre 2012, 45 p. Index des tableaux et graphiques.
La direction des études du CNC publie un tableau synthétique de la télévision en France au cours de la précédente décennie (2002-2011) : financements, dépenses et diffusion des programmes, audience (mesurée, i.e. vendable). Excellent outil de travail, indispensable pour établir un bilan de l'économie télévisuelle selon les critères courants de la télévision commerciale et publique et de la législation en cours.
On y perçoit aussi l'identité remarquable des télévisions européennes, toutes développées dans un marché et une culture issus du secteur public : par rapport au marché télévisuel américain, la part des financements publics (impôt) est plus élevée en Europe et celle des abonnements y est plus faible. Les Américains paient leur télévision. En revanche, la part globale de la publicité est comparable dans les deux continents.
Ce qui n'apparaît pas dans ce tableau de la télévision par le CNC est l'indigence des financements locaux en Europe et notamment en France. D'ailleurs, le local n'est évoqué qu'à l'occasion d'un agrégat attrape-tout dit "autres chaînes" : "chaînes TNT, thématiques, locales, régionales, interactives, étrangères et non signées" ! Agrégat qui, depuis quatre ans, réunit la plus grande part d'audience et désigne, de facto, le périmètre flou de la télévision non connue (plus du tiers, cf. p. 19).
Comparée à la télévision américaine, la télévision européenne, privée de sa dimension locale, s'appuie sur un marché publicitaire restreint.
Sur le plan des programmes, certains indicateurs sont alarmants : par exemple, la fiction française est, depuis 2009, absente des meilleures audiences, elle y est remplacée par la fiction américaine. Les chaînes de la TNT semblent d'ailleurs avoir facilité l'implantation télévisuelle des films américains. Logique : toute extension de l'offre globale de télévision qui ne s'accompagne pas d'une extension comparable de la production de fiction française augmente mécaniquement la place des productions de la télévision américaine.
En tant qu'institution d'Etat, le CNC ne peut que suivre les taxonomies en cours servant à la gestion de l'Eat ; toutefois, certaines catégories commencent à sentir le renfermé ("chaînes historiques", décomposition en "genres de programmes", etc.). D'autres catégories mériteraient une sévère remise en chantier (le "coût de grille", par exemple). Enfin, pourquoi comparer les médias selon leurs volumes d'investissements publicitaires "bruts" alors que chacun sait que les écarts entre brut et net varient considérablement selon les médias : 1 million d'euros brut en TV vaut bien plus en net que la même somme en affichage papier. Un agrégat "Europe" est désormais indispensable.
Ce tableau de la télévision omet volontairement les extensions hors télévision traditionnelle de l'économie télévisuelle : rien sur les performances des chaînes sur le Web notamment (sites, réseaux sociaux, applis de télévision sociale, multiscreentasking, etc.) ; rien sur la diffusion de la vidéo en ligne, rien sur YouTube qui pourtant est en passe de devenir le principal conconcurrent des chaînes françaises ; un tableau comparatif complet des performances et des obligations respectives des diffusions serait bienvenu. Rien non plus sur la définition de l'audience mesurée, la seule qui compte pour la compréhension du marché. On le voit : c'est l'extension et la définition même de la notion de télévision qui doivent être repensées.
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