mardi 18 mai 2010

Pierre Boulez à voie nue

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Encore un livre qui n'est plus tout à fait un livre et qui, avec ses CD, énonce le besoin d'un support plus approprié (la tablette, par exemple). Véronique Puchala (éditions Symétrie) a réalisé en 2005 avec Pierre Boulez cinq émissions de trente minutes chacune, diffusées sur France Culture. Voici le prolongement de ces entretiens : un livre, 2 CD.

Depuis les années 1960, Pierre Boulez n'a cessé de faire "penser la musique" mais aussi, en chemin, de bousculer la pédagogie, la communication, de provoquer l'innovation. Pour que la musique pense et qu'on la pense. Depuis ses débuts, Pierre Boulez est sensible et sensibilise à la transformation de l'univers sonore et de la perception par l'électronique et ses "machines" (l'intervention de l'illimité et du mesurable). On lui doit l'IRCAM où s'effectuent recherches et expérimentation sur la musique, l'acoustique. On lui doit aussi l'Ensemble Intercontemporain.

Pierre Boulez, comme compositeur et chef d'orchestre, a été sans cesse confronté à la dialectique de l'innovation (écrire des oeuvres nouvelles, diriger des créations) et de la tradition (jouer les oeuvres achevées, classiques, les rafraîchir, les désengluer de leur tradition). Tous ces problèmes sont aussi ceux que rencontre le travail des médias. La proximité de la réflexion boulézienne avec les problèmes rencontrés pour faire "penser les médias" est frappante.

Le discours de Pierre Boulez qui désoriente et désenclave, par ses références, son irrévérence intraitable qui mérite le respect, est une invitation constante à inventer, à comprendre et gérer la modernité, à concilier la rigueur et la création. Discours et pratiques décapants, qu'il s'agisse du rituel du concert (impératif de liberté) ou de la relation aux maîtres et professeurs (impératif d'égalité). Et puis une passion de la précision et de l'intuition.
Lire Boulez, l'écouter c'est se donner une occasion de réfléchir, et peut être ensuite de revenir à son oeuvre, ses écrits nombreux, ses enregistrements et ses oeuvres. Après ce livre/CD on l'entendra mieux, on l'écoutera. Dommage que l'on n'ait pas un DVD, illustrant la réflexion de Boulez sur le geste dans la communication avec l'orchestre. Mais on peut voir beaucoup de Boulez sur YouTube. Regardez le, par exemple, écoutez le expliquer et diriger "Sur Incises". L'iPad et d'autres supports électroniques peuvent livrer et relier tous ces documents tellement mieux que les "livres" de papier.

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