lundi 11 novembre 2024

Une histoire littéraire traitée comme un roman policier : Montaigne

 Philippe Desan, Montaigne La Boétie. Une ténébreuse affaire, Paris, Odile Jacob, 382 p., 2024, 22.9 €

Ce n'est ni de la littérature ni de la philosophe, c'est un roman policier. Le sous-titre renvoie à, ou au moins évoque - c'est une idée de l'éditeur -, un célèbre roman politique de Balzac publié en 1841. Roman historique qui évoquait l'époque de Napoléon 1er.

Le roman du français Philippe Desan, Professeur de littérature française à l'Université de Chicago - mais il est aussi un ancien champion cycliste, un grimpeur qui rêve encore des grandes classiques belges (p. 376) ! - est d'abord un "polar historique" ; il s'agit d'une intrigue que l'auteur aurait "ruminée durant de longues années". Ce "divertissement érudit" donne pourtant à penser : et l'on ne voit plus, ni Montaigne ni La Boétie, comme avant, quand on referme ce livre. 

Cet ouvrage parcourt plusieurs siècles, partant du 16ème pour la première étape, le siècle de Montaigne, pour arriver au 21ème, le siècle où se déroule la soutenance d'une thèse consacrée, le  3 juin 2023, à Montaigne. C'est la dernière étape, l'arrivée au sprint à Paris, place de la Sorbonne.

C'est un bon roman ; il donne à voir un Montaigne que l'on ne connaît guère, un Montaigne qui songe à sa carrière, un Montaigne homosexuel, un Montaigne qui aime les femmes dont, raconte ce livre, Marguerite de Carle, l'épouse de son ami La Boétie. Mais qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui est faux ? Allez savoir... et cherchez sur Internet ! L'ouvrage donne à voir trois illustrations : le fauteuil de Montaigne, la reproduction d'un tableau qui a servi d'ex voto, et l'image d'une gourde de Montaigne, toutes pièces reprises par l'argumentation de la thésarde. Ce livre se lit de deux manières, en même temps, comme un policier, mais aussi comme un ouvrage d'histoire littéraire. Et le lecteur ou la lectrice hésite... Que la soutenance de thèse ne se passe pas très bien ne saurait étonner. Le jury sera-t-il à la hauteur de la thèse ?

samedi 2 novembre 2024

La vie d'un chat japonais

 Hiro Arikawa, Les mémoires d'un chat, Paris, BABEL, 327 p., roman traduit du japonais

Que pense un chat ? Allez savoir ! Les personnes vivant avec un chat sont certaines que les chats pensent mais elles n'ont pas de preuves. Mais en ont-elles besoin ? Moi je ne sais pas. Comme toujours, il y a un risque à penser que le chat pense : tout le laisse croire mais... Enfin, Baudelaire...

Hiro Arikawa, romancier japonais, dresse le portrait d'un chat, Nana. Chat errant, trouvé, et qui cohabite avec Satoru Miyawaki qui l'a rencontré suite à un accident de voiture. Alors commence l'Odyssée de Nana et de Satoru, dans un monospace. Cette Odyssée, ce sont les aventures de Satoru pour laisser Nana en pension (il s'agit de le faire adopter) et de Nana qui l'accompagne. Le roman se termine par les funérailles, et voilà. Je ne vous en dirai pas plus. C'est un bon roman. Et les héros sont japonais, ce qui les rend quelque peu étrangers à notre culture.

Ce chat qui pense et qui parle nous fait penser à des chats, ceux de ma grand-mère qui ne mangeaient que le poisson cuit, les nôtres, le petit que m'avait offert mon copain Porcher et qui est mort après quinze jours, les autres qui sont ceux de ma femme et qui nous manquent tous terriblement. Mais que pensent les chats ? Rien, peut-être... Mais, nous, nous pensons à eux, encore et toujours.