Maïa Hruska, Dix versions de Kafka, Paris, 2024, Grasset, 239 p. bibliogr.
Ce sont dix lectures de Kafka, lectures de toutes sortes mais lectures de traducteurs et traductrices auxquelles nous confronte ce livre passionnant. Et quelles traductions ! Ce sont les premières d'abord : ce sont donc aussi des traductions de découvreurs. Ces traductions, celles auxquelles on est rarement confronté puisque l'on ne lit un auteur, généralement, que dans une seule langue, la nôtre et parfois la sienne, en l'occurence l'allemand pour Kafka. Aussi, à part celle en français, ne connaît-on que rarement les autres traductions.
Mais volà, Maïa Hruska nous met en relation avec une dizaine de traductions de Kafka : en italien (Primo Levi), en espagnol (Jorge Luis Borges), en yiddish (Melech Ravitch), en roumain (Paul Celan), en anglais (Eugene Jolas), en français (Alexandre Vialatte), en polonais (Bruno Schulz et Josephina Szelinska), en hébreu (Yitzhak Schenhar), en tchèque (Milena Jesenská). Dans chacun des cas, l'auteur raconte à propos du traducteur ou de la traductrice, des anecdotes, des petites histoires et des grandes, toujours liées à ses traductions et souvent biographiques. Cette diversité est généralement dramatique, car ces histoires se terminent souvent fort mal ; mais cette diversité donne au livre sa vigueur et, d'une certaine manière aussi, son unité et son discret humour. L'ensemble constitue un livre très agréable. Pourtant c'est un livre de juriste, comme l'était d'ailleurs Kafka. Le thème de ces dix versions est remarquablement bien exploité, on perçoit petit à petit le pokoï où se réfugie Kafka, sa chambre où il peut écrire en paix, et Kafka en devient encore plus séduisant. Le livre est érudit, bien conçu. Il donne aussi envie de lire, ou relire Kafka. Et c'est bien.
Pour en savoir plus, et mieux, on pourra écouter l'interview de Maïa Hruska par Sylvain Attal sur RCJ "Maïa Hruska, l'invitée de Patronymes"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire