mardi 11 juin 2019

Romain Gary, écrivain indompté


Maxime Decout, Album Romain Gary, Paris Gallimard, 243 p., Index

Le voilà en Pléiade, enfin. 1914 -1980.
Il lui aura fallu près de quarante années après son décès.
Le petit garçon de Vilnius, ville autrefois pieuse de Lituanie, ne cessera pas d'aller de par le monde pour finir en France, où "la nuit sera calme". Heureuse promesse !
Ce roman est donc une biographie de Roman Kacew ; elle nous conduit, lecteurs mal à l'aise, de l'enfance de Romain Gary à son suicide, fin 1980. Entre temps, que de livres, que d'essais... Né dans l'empire russe, sous le nom de רומן קצב (en yiddish) ou Рома́н Ле́йбович Ка́цев, Roman Leibovich Katsev, en russe.

Poète francophile : "regardez un pays que vous ne connaissez pas dans les yeux de votre mère, apprenez-le dans son sourire et dans sa voix émerveillée". Il est né le 8 mai 1914.
A vingt et un ans, Roman Kacew deviendra citoyen français. Il intègre alors l'Ecole de l'Air de Salon-de-Provence et fuit immédiatement une France pétainiste et collaboratrice pour la Résistance gaullienne ; cela se terminera par Education européenne, en1945. De là, il intègre le Quai d'Orsay puis le Conseil de Sécurité des Nations Unies (New York), institution hélas "dévorée par le cancer nationaliste" ; de là, encore, il occupe le poste de consul général de France à Los Angeles où il fréquente le tout-Hollywood et rencontre Jean Seberg.
Il reçoit le prix Goncourt pour Les Racines du ciel en décembre 1956.

En 1958, Romain Gary reprend du service pour le Général de Gaulle puis il écrit un roman en anglais, Lady L. Auto traduction ? En 1960, Romain Gary publie Promesse de l'aube, récit autobiographique où l'on comprend que le personnage de sa mère est central : "Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tiendra jamais" : la vie ne sera plus dès lors que désenchantements... Jean Seberg prendra la place. Viennent alors les trois romans du cycle Frère Océan : Pour Sganarelle, La Danse de Gengis Cohn et La Tète coupable. La situation avec Jean Seberg se complique, et ils divorcent.
1974, année clef : sous les noms de Romain Gary, de François Bondy, de Shatan Bogat et de Emile Ajar paraissent quatre ouvrages du même auteur. Enfin, le 17 novembre 1975, La Vie devant soi se voit à nouveau attribuer le prix Goncourt, près de vingt ans après Les Racines du ciel.
Et Romain Gary décide de mourir, le 2 décembre 1980, il y aura bientôt quarante ans.

Le livre raconte les vies de Romain Gary. On s'y perd, d'ailleurs. Tellement d'engagements, de gags, d'activités, d'échecs, et de réussites : mais on ne saurait gagner à tous les jeux, il faut savoir perdre, aussi. Ce livre est un mode d'emploi : comment devenir autre, sans changer vraiment.
"Tous mes livres sont nourris de ce siècle jusqu'à la rage", prévient-il.

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