Entrer dans la carrière universitaire. Pour n'en plus sortir ? Pierre
Bourdieu
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Victor Collard, *Genèse d'un sociologue*, Paris, CNRS éditions, 2024,
Index, Bibliogr., 447 p.
De son enfance lycéenne aux débuts de sa carrière univers...
lundi 27 janvier 2014
La télé française à l'époque nazie
Thierry Kubler, Emmanuel Lemieux, Cognac Jay 1940. La télévision française sous l'occupation, Paris, Editions Plume, Calmann-Lévy, 1990, 223 p.
L'histoire de la télévision en France ne commence pas, comme on le prétend souvent, en 1945. Développée dès les années 1930, la télévision française a fonctionné durant l'occupation nazie, et plutôt bien, sous le nom de Fernsehsender Paris. Produite depuis les studios de Cognac-Jay, elle utilisait l'émetteur de la Tour Eiffel qui servait aussi pour les brouillages des avions "ennemis". Les deux auteurs content cette histoire de manière qui semble édulcorée, insistant sur l'aspect cordial et bon enfant de cette collaboration menée pour le grand bien de la technologie télévisuelle et le confort des pétainistes et d'une France plutôt. collabo.
Fernsehsender Paris est inauguré en septembre 1943 ; il est placé sous le contrôle du commandement militaire allemand (Oberkommando der Wehrmacht). Il fonctionnera avec du matériel allemand (Telefunken). La télévision de Paris, parfois bilingue, était presque exclusivement destinée aux soldats allemands blessés, retour du front russe, soignés dans les hôpitaux de campagne de la Wehrmacht à Paris (Kriegs Lazaretten). Elle dispose d'un orchestre et d'un large programme de variétés. La guerre achevée, la collaboration avec Telefunken se poursuivra...
La lecture de cet essai journalistique, riche en anecdotes, est agréable. On y perçoit l'aveuglement des politiques élus de l'époque qui ne comprennent pas l'enjeu sociétal et commercial de la télévision et y voient surtout un défi technologique d'ingénieurs. Déjà.
On y perçoit aussi l'une des facettes de la collaboration quotidienne avec le nazisme : les intérêts des soldats allemands et des personnels français qui travaillent ensemble (c'est, exactement, "collaborer") convergent : ils sont surtout préoccupés de leur confort, les uns fuyant le STO (Service du Travail Obligatoire en Allemagne pour aider le nazisme), les autres fuyant le front russe. On en oublierait presque, en lisant cette histoire quelque peu romancée, qu'en Europe, en même temps que s'élabore à Paris le divertissement des guerriers nazis, on assassine les Résistants, les fours crématoires fonctionnent à plein régime...
N.B. L'INA organise en octobre 2014 une exposition itinérante avec la SNCF sur l'histoire de la télévision. L'histoire de la TV française commencera dans les années 1950 (cf. Trains Expo). Sainte alliance : la SNCF n'a pas non plus laissé une belle image de sa période nazie (cf. La SNCF reconnaît son rôle dans la déportation). "Symbole culte" !
Voir aussi :
ARTE, "Berlin und Vichy auf der selben Wellenlänge", 2013 ("Berlin et Paris sur la même longueur d'ondes").
Emmanuel Lemieux, On l'appelait Télé Paris. L'histoire secrète des débuts de la télévision française (1936-1946), Archipel, Paris, 2013, 250 p., 18,95 €
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