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Dossier sur la francophonie dans l'édtion du week-end du quotidien suisse, Le Temps. Le numéro est orchestré par le romancier Jonathan Littell. En Suisse, ce débat prend une saveur particulière alors qu'un journaliste estime que "la Suisse plurilingue se déglingue" (José Ribeaud, ouvrage publié aux éditions Delibreo). La situation n'apparaît pas favorable au français. Les cantons alémaniques privilégient l'anglais par rapport au français comme deuxième langue étrangère enseignée et un débat est lancé quant à l'intérêt d'une chaîne de télévision bilingue. Interviewée, la présidente de la Confédération déclare : "il faudrait que l'on puisse maîtriser au moins trois langues dont l'anglais" (p.11). L'Europe en est loin.
Dossier sur la francophonie dans l'édtion du week-end du quotidien suisse, Le Temps. Le numéro est orchestré par le romancier Jonathan Littell. En Suisse, ce débat prend une saveur particulière alors qu'un journaliste estime que "la Suisse plurilingue se déglingue" (José Ribeaud, ouvrage publié aux éditions Delibreo). La situation n'apparaît pas favorable au français. Les cantons alémaniques privilégient l'anglais par rapport au français comme deuxième langue étrangère enseignée et un débat est lancé quant à l'intérêt d'une chaîne de télévision bilingue. Interviewée, la présidente de la Confédération déclare : "il faudrait que l'on puisse maîtriser au moins trois langues dont l'anglais" (p.11). L'Europe en est loin.
Le dossier francophonie ne pouvait pas ignorer la lancinante question de la numérisation de la lecture et des livres. Compte tenu de l'enjeu linguistique et culturel, les tergiversations ésotériques des éditeurs semblent éloignées du vrai monde et des lecteurs. Pourquoi distinguer les supports et favoriser l'un plutôt que l'autre (cf. le taux de TVA) ? De quoi se mêlent ces gens ? Tous ces débats, sans doute perclus de bonnes intentions, représentent surtout du temps perdu. Et si un livre numérique est moins cher pour le consommateur, s'il rapporte plus à l'auteur, qui s'en plaindra ? Les livres papiers sont devenus trop chers pour la majorité des lecteurs, et d'abord pour la clientèle de l'avenir, les étudiants et les lycéens : le livre numérique est une chance unique de rétablir le livre dans son utilité, son accessibilité et sa modernité...
Tant d'atermoiements et d'arguties risquent de faire une victime : la langue française. Au lieu d'accorder un avantage aux auteurs de langue française, aux traductions, on s'égare en défenses de privilèges... et l'on favorise l'anglais qui n'en n'a pas besoin. Attention : ceux qui lisent le plus (diplômés, etc.) lisent de plus en plus en anglais. Pendant que l'Europe bavarde, le livre numérique représente déjà 10% des ventes aux Etats-Unis. Quant à l'offre numérique d'amazon (kindle), elle compte plus de 720 000 titres en anglais.
Et si les lecteur francophones "ne manifestent pas devant les portes de Gallimard pour réclamer des e-books", ce n'est pas parce qu'ils sont patients mais, peut-être, que, désillusionnés, beaucoup d'entre eux passent à l'anglais (la situation au Canada mériterait d'être observée). Le livre numérique francophone s'épuise en batailles ésotériques. La guerre culturelle décisive est celle des langues, pas celle des supports d'édition et de lecture.
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