
Sur le bandeau de promotion du livre, blanc sur fond rouge : "Pour en finir avec ceux qui racontent n'importe quoi". Vaste programme !
Il s'agit de Jeanne d'Arc, d'un livre d'une historienne (Jeanne d'Arc. Vérités et légendes) aux prises avec les mythographes, raconteurs d'histoires fabuleuses. Quel rapport avec les médias ?
Colette Beaune explique en introduction comment un sujet d'histoire devint un sujet people, par la magie de la télévision, comment la vulgarisation l'emporta sur l'érudition, comment l'histoire historienne devint "l'affaire Jeanne d'Arc" (titre d'un livre de journalistes, Marcel Gay, Roger Senzig, Livre de Poche, 6,5 €). Ces quelques pages disent le fonctionnement du média, le principe démagogique toujours associé au principe pédagogique. "Vraie Jeanne, Fausse Jeanne" est un documentaire de Martin Meissonier, diffusé le 7 avril 2008 sur ARTE (publié en DVD : "Jeanne d'Arc, la contre-enquête", chez Gaumont Columbia Tristar).
Que retenir de ce "cas" ? Comment rendre compte de la complexité, de l'incertitude, du doute à la télévision... Comment faire penser avec la télévision. Cela vaut pour l'histoire, bien sûr, mais aussi pour le sport et la politique, l'économie et la musique. On considère (on : ceux qui font la télé, du réalisateur au cadreur, du scénariste au directeur d'antenne) qu'il faut spectaculariser, peopeliser les sujets. Rituellement, à ce propos, il est bon d'incriminer la publicité. Car si l'on vulgarise, c'est bien sûr pour flatter l'audience, se soumettre à la dictature de l'audimètre et donc de l'annonceur. Mais il s'agit d'ARTE, télévision sans publicité : il faut donc bien en venir à envisager des explications plus solides.
Que retenir de ce "cas" ? Comment rendre compte de la complexité, de l'incertitude, du doute à la télévision... Comment faire penser avec la télévision. Cela vaut pour l'histoire, bien sûr, mais aussi pour le sport et la politique, l'économie et la musique. On considère (on : ceux qui font la télé, du réalisateur au cadreur, du scénariste au directeur d'antenne) qu'il faut spectaculariser, peopeliser les sujets. Rituellement, à ce propos, il est bon d'incriminer la publicité. Car si l'on vulgarise, c'est bien sûr pour flatter l'audience, se soumettre à la dictature de l'audimètre et donc de l'annonceur. Mais il s'agit d'ARTE, télévision sans publicité : il faut donc bien en venir à envisager des explications plus solides.
Est-ce la télévision qui est en cause, son langage, son format ? Ce que peut un livre (avec ses notes, ses illustrations, ses longues explications), ce que peut leWeb (avec ses hyperliens, ses illustrations multiformes), la télévision ne le peut guère, même pour un documentaire, fût-il didactique.
Suivons l'auteur lorsqu'elle pointe, une à une, les simplifications, les erreurs, les imprécisions de l'émission. Punctus contra punctum. Et de dénoncer le journaliste qui joue les mythographes contre les historiens professionnels, la vie et la politique de Jeanne d'Arc traitées à la "Da Vinci Code"... Convaincante, mais qu'aurait-on pu en faire à la télévision ?
Sancta Simplicitas ! "Le simple est toujours le simplifié", prévenait Gaston Bachelard. Un film (et l'on en connaît déjà une bonne quinzaine consacrés à Jeanne d'Arc), jamais, ne rendra compte de l'enchevêtrement des circonstances, des enjeux politiques, religieux, militaires que noue et dénoue avec dextérité et prudence Colette Beaune, historienne spécialiste de cette période.
Des solutions ?
![]() |
Couverture du magazine (N°2) |
Afin de tendre à l'objectivité, l'information documentaire et historique peut non seulement donner à entendre les divers points de vues mais aussi mobiliser toutes les capacités des médias en ligne. Le Web donne l'occasion de concevoir et monter l'information télévisée d'une autre manière, ouverte, questionnante.
Dans le même temps, les médias compliquent la tâche de l'historien en multipliant et vulgarisant les attentes des publics : ainsi, en 2012, le groupe Hommell publie un magazine trimestriel, Jeanne d'Arc et la guerre de Cent Ans (9,9 €) associé à la "construction" sociale de "lieux johanniques" (tourisme, mémoire) qu'accompagnent divers événements et une Association des villes johanniques. Toute cette réactualisation contribue à façonner un horizon d'attente qui représente l'actualité de Jeanne d'Arc et sa réception.
Dans le même temps, les médias compliquent la tâche de l'historien en multipliant et vulgarisant les attentes des publics : ainsi, en 2012, le groupe Hommell publie un magazine trimestriel, Jeanne d'Arc et la guerre de Cent Ans (9,9 €) associé à la "construction" sociale de "lieux johanniques" (tourisme, mémoire) qu'accompagnent divers événements et une Association des villes johanniques. Toute cette réactualisation contribue à façonner un horizon d'attente qui représente l'actualité de Jeanne d'Arc et sa réception.
.