dimanche 25 mai 2025

Le diable, un soir au coin de la rue

Fernando Pessoa, L'heure du diable, édition bilingue, traduit du portugais par Maria Druais rt Bernard Sesé, 1989, éditions Corti, 105 p., 16 €. Postface par Teresa Rita lopes

C'est du diable dont il est question dans ce tout petit livre, mais du diable rencontré et raconté par Fernando Pessoa. En fait, il s'agit d'un dialogue entre le diable et une femme enceinte ; elle l'a rencontré au sortir d'un bal. C'est plutôt un monologue diabolique, un soir dans la rue, monologue tranquille, mais quelque peu mélancolique. Car le diable n'a pas le moral, il n'est, dit-il, qu'un "petit Diable de province" (ou "départemental"). Et il est "fatigué, surtout fatigué". Etre diable, ce n'est pas un bon job, manifestement, sans prétention ! "Je n'ai jamais eu la prétention de dire la vérité à personne - en partie parce que cela ne sert à rien, et en partie parce que je ne la connais pas". Tout comme Dieu, ajoute-t-il, d'ailleurs, ironique, qui ne semble pas en savoir davantage.

"Je corromps, c'est vrai, parce que je fais imaginer". "Mes meilleures créations - le clair de lune et l'ironie". Et, socratique, il affirme : "Le commencement de la science est de savoir que nous ignorons". Il se reconnaît peu dans les créations littéraires, et surtout pas dans celle du Méphistophélès de Goethe notamment. Shakespeare, en revanche lui va bien.

Voici un petit texte, plutôt drôle, très agréable à lire. Le diable s'y avère sympathique et souvent ironique. Lui qui conclut : "Je suis un pauvre mythe, madame, et, ce qui est pire, un mythe inoffensif".

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