jeudi 26 mai 2011

Gautier journaliste romantique


Gautier journaliste. Articles et chroniques, choisis et présentés par Patrick Berthier, Paris, GF, 2011, Index, biblio, chronologie, 444 p., 8,9€

Voici une anthologie des textes journalistiques de Théophile Gautier, romantique fameux, proche de Victor Hugo et de Charles Baudelaire (qui lui dédie les Fleurs du Mal) et ami de Nerval. Comme pour Charles Baudelaire, écrivain journaliste dont on connaît surtout les Fleurs du Mal, de Gautier on connaît surtout Le Capitaine Fracasse (1861, publié en feuilleton), Le Roman de la momie ou les ballets (La Péri, Giselle). Grâce à cet ouvrage les textes écrits par Théophile Gautier pour la presse seront facilement accessibles.
Parfaite introduction de Patrick Bertier, Professeur à l'Université de Nantes et spécialiste de théâtre.

L'oeuvre de journaliste de Théophile Gautier s'étend sur près de quarante années, de 1835 à 1872. Feuilletoniste mais aussi propriétaire de revues et directeur de journaux, Gautier fut un salarié de la presse. On l'ignore, mais ce fut d'abord et surtout un homme de presse, elle fut son gagne-pain quotidien.
Gautier est un journaliste de l'ère inaugurée par Emile de Girardin, entrepreneur génial, qui lance plusieurs startups dans la presse dès 1828 (Emile de Girardin alors a 22 ans). On oublie - souvent même on ne l'a pas su - que le dynamisme des médias n'a pas attendu Internet : les startups, les jeunes entrepreneurs, les réussites et les échecs fulgurants, les inventeurs sont présents dans toute l'histoire des médias, ou du moins dans la première période qui voit émerger un nouveau paradigme avec l'imprimerie de masse.

Patrick Bertier a constitué un échantillon de textes représentatif de l'oeuvre journalistique de Gautier selon trois types : critique d'art, critique de théâtre et critique littéraire. Le feuilleton de théâtre, article généralement publié à la une, au rez-de chaussée (bas de page), représente la moitié de l'oeuvre de Gautier mais elle est répétitive (on compte 2 843 articles). Ce serait aujourd'hui notre critique TV. Ces articles sont publiés dans toutes sortes de titres, de spécialités et de périodicités diverses : La Presse, L'Artiste, que Gautier dirige, La France Littéraire, La France Industrielle, Le Musée des familles, La Chronique de Paris, FigaroLe Moniteur universel... Les romans de Gautier sont tous, sauf  "Mademoiselle de Maupin", publiés d'abord en feuilleton.
Ce journalisme se caractérise, comme celui de Baudelaire, par une prose raffinée. Le journaliste de cette époque prend le temps d'écrire.

mardi 24 mai 2011

L'imprimerie en Chine, bien avant Gutenberg

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Thomas Francis Carter, L'imprimerie en Chine. Invention et transmission vers l'Occident, Paris, 2011, Imprimerie Natrionale Editions, 318 p., Bibliogr., Index, Chronologie.

Luo Shubao, An Illustrated History of Printing in ancient China, City University of Hong Kong Press, 1998, 128 p., bilingue anglais - chinois, index bilingue, cartes.

Classique d'histoire traduit de l'anglais (introuvable en anglais), ouvrage qui fait référence sur le sujet, publié en 1925, complété en 1955. L'imprimerie commence en Chine vers le 10ème siècle de notre ère. L'ouvrage parcourt toutes les étapes de l'histoire des inventions menant à l'imprimerie : du papier et de l'encre d'abord, puis de l'imprimerie par planches et enfin par caractères mobiles (en bois, en argile puis en métal). Imprimerie de livres, les Neuf Classiques confucéens d'abord dès 931, en 130 volumes, suivant l'ordre du Premier ministre Feng Dao (冯道 / 馮道), mais aussi de cartes à jouer, de monnaies, de textiles.
Ouvrage méticuleux (451 notes) qui ne nous épargne aucun détail de la mise au point de l'imprimerie, examinant notamment la géographie de la diffusion de cette technique en Chine mais aussi en Corée, en Perse, en Turquie, au Japon, en Egypte jusqu'à l'Europe (Venise, Russie). Derrière le "gros concept" d'imprimerie se dégage des pratiques complexes, des mises au point lentes, réfutant en acte les explications simplistes.
On perçoit, dans le détail des technologies intermédiaires, les conséquences des systèmes d'écriture sur les évolutions technologiques des médias. Là où suffit une trentaine de caractères pour imprimer du latin (Gutenberg), il en faut plus de 30 000 pour imprimer du chinois. L'imprimeur les classe selon les tons (5) puis selon les rimes (phonétique). La différence première, et sans doute plus formatrice qu'on ne le sait entre cultures chinoises et occidentales, naît de l'opposition alphabet / caractères. Le portrait de l'homme ABC minded, cher aux travaux de M. McLuhan et de Jack Goody, ne vaut que pour l'homme occidental. A cela s'ajoutent le rôle et le statut de la calligraphie en Chine. Conclusion : la Chine n'est pas dans la "Galaxie Gutenberg", ce qui secoue, et peut-être compromet, la valeur explicative de cette notion "pour comprendre les médias".
Dans le cours du livre, on voit aussi se mettre en place la méconnaissance de la Chine par l'Europe : beaucoup de ce qui est dû à la Chine sera attribué à la Perse : on ne connaît que la dernière étape parcourue par une technique. Markovien !


Le livre sur l'imprimerie en Chine ancienne semble un parfait complément, involontaire, de l'ouvrage de Francis Carter. L'auteur parcourt une quarantaine de siècles, depuis les symboles sur les poteries jusqu'aux caractères mobiles d'imprierie. La longue introduction situe les étapes menant à l'imprimerie avec des frises historiques très claires. Ensuite, viennent les chapitres consacrés à chacune des étapes, parfaitement illustrés et légendés (en chinois et en anglais) avec des pièces du Printing Museum of China. Le dernier chapitre est consacré à la reliure des livres.



A parcourir ces deux ouvrages on est amené à se demander s'il est possible de distinguer les effets de l'imprimerie en Chine et en Europe. Un point commun se dégage, celui de la triple segmentation, régulière, linéaire dressant la perception et formant des habitus visuels : caractère / énoncé / livre. Triple articulation qui peut expliquer une culture de mécanisation, commune aux deux régions du monde. Reste la différence que structurent l'alphabet d'une part, les caractères chinois de l'autre.
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samedi 21 mai 2011

Cinéma numérique. Regard Positif ?

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La revue mensuelle Positif consacre, dans son numéro de mai 2011, un dossier au cinéma numérique, à la fin de la pellicule photochimique ; dossier coordonné par Jean-Pierre Berthomé. Six éléments constituent ce dossier concis (26 p.), précis et synthétique, faisant le tour de la "révolution numérique" : les décors, l'étalonnage, le montage, le son, la dématérialisation des copies et la restauration numérique des films anciens (cf. sommaire exact du dossier).

Mai 2011, N° 603, 7,8 €
Quelques notes de lectures.
Tout d'abord, l'opposition analogique / numérique, commode, se révèle confuse et, sur certains points, erronée (cf. la "fausse homogénéité des techniques pré-numériques") ; elle apparaît surtout comme une reconstruction avantageuse pour reléguer des techniques anciennes que supplantent "des" technologies numériques, pour le meilleur et pour le pire. Michel Chion dans son article sur les "sons numériques" stigmatise la notion de "numérique" et montre qu'elle mêle, selon lui, des aspects hétérogènes : la miniaturisation des appareils, le montage virtuel et le rapport signal/bruit. L'auteur développe à cette occasion une critique féconde du technicisme.
Avec le montage virtuel, qui commence avec "Coup de coeur" (1981) puis "Cotton Club" de Francis Ford Coppola, on assiste au développement d'innombrables versions (relevant davantage des marketing cuts que director's cuts). Le numérique confère au cinéma la pluralité des variantes, la trace des brouillons, alors que la littérature les voit disparaître.
L'équipement des salles, commencé en 2005 à l'occasion de "Star Wars 3", s'achèvera fin 2012. Toutes les salles seront alors équipées pour le numérique ; afin de donner une chance à toutes les salles (coût : 80 000 € par salle), le CNC a mis en place une aide sélective pour l'équipement des salles  (loi du 30 septembre 2010). La disparition prévisible des copies et des laboratoires qui s'en suivra risque d'entraîner la disparition des projections de films anciens, et, par voie de conséquence, de certaines formes de cinéphilie.
Alors intervient la réflexion sur la restauration (recadrage, colorisation) des films. Cette restauration pose les questions de la cohérence d'une oeuvre avec une époque et sa technologie, et de son intégrité même. Là où l'on met en avant la capacité de diffuser des films anciens sur les réseaux numériques (TV), François Ede souligne un danger potentiel pour la préservation des oeuvres. Le musée numérique du cinéma dit analogique est encore à imaginer. Notons que le dossier semble ne pas considérer la difficile compatibilité du cinéma numérisé avec une quelconque "chronologie des médias".

Contrairement à l'enthousiasme, béat et intéressé, qui préside d'habitude à la célébration courante et convenue de la révolution numérique, célébration aveugle qui accompagne, pour les justifier toujours les investissements de modernisation, ce dossier dégage les enjeux de tous ordres liés au "tout numérique" dans le cinéma. Important rappel : les avantages indiscutables et spectaculaires des techniques numériques ne vont pas sans contre-parties. Comment limiter au mieux, si cela est possible, certaines des retombées négatives de cette révolution conduite par les intérêts économiques sans souci, souvent, des aspects artistiques.
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samedi 14 mai 2011

Sociologie des sociétés des spectacles

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"Société des spectacles", c'est le titre aguicheur du numéro double, 186-187 (mars 2011) de la revue ACTES de la recherche en sciences sociales (Paris, Seuil, 20 €), coordonné par Christophe Charle.

Christophe Charle, dans l'introduction, situe l'angle qui préside à la sélection des articles publiés : les effets de la théâtralisation étudiés dans diverses situations, différentes époques, différentes cultures. Quelle est la fonction sociale du spectacle dans les époques de crise politique ? Christophe Charle évoque le rôle des représentations théâtrales dans la confection de références communes, la résistance populaire au polissage des publics : il y a un habitus de spectateur qui énonce, à toute époque, en même temps qu'une norme, la distance à laquelle on tient le public populaire du spectacle cultivé (cf. l'ambiance compassée des concerts classiques, les attitudes au musée, etc.).
Sommaire de la revue : http://www.arss.fr/.

La revue des interventions du public dans les spectacles inclut un genre télévisuel, le talk show dont les animateurs reprennent des techniques traditionnelles de gestion des publics (chauffeurs de salle / festaiolo, rires en boîte, etc.). L'article d'Eric Darras, "Les causes du peuple. La gestion du cens social dans les émissions-forums" (pp. 95-111), compare ces émissions aux Etats-Unis et en France. Difficile, méthodologiquement, de confronter la logique d'une émission de FR3 ("C'est mon choix" distribuée par FR3, chaîne d'Etat à financement partiellement publicitaire) avec "Oprah", émission de la syndication nationale américaine, qui n'est pas une chaîne et est financée à 100% par le troc publicitaire (barter syndication).
De cette comparaison émergent de nombreuses notions fécondes, novatrices : l'opposition journaliste / animateur,  les modalités de sélection des publics, l'analyse de l'exploitation du "culot social", le rôle de l'émotionnel dans le discours revendicatif, l'enrichissement de l'expression politique par les émissions, mais aussi la dépolitisation des thèmes abordés par le genre "talk show". Et, au travers de toutes ces notions, court celle plus générale, de "cens social".
Les outils d'analyse du sociologue restent toutefois limités surtout pour les talk-shows de la télévision américaine et, notamment, le plus populaire d'entre eux, animé par Oprah Winfrey. La publicité n'est pas prise au sérieux, trop brièvement évoquée, alors que l'étude de son volume, de la répartition des écrans, des secteurs et des anonceurs présents (pige) apporterait à l'analyse une information riche sur l'économie générale des talk shows. Il en va de même pour les effets de la syndication, que met en évidence le passage à une autre logique économique avec la création d'une chaîne thématique par Oprah, (OWN), ou encore pour l'importance du rôle des émissions dans la programmation globale (lead-in / lead-out). 
L'analyse d'Eric Darras, convaincante à propos de la logique sociale des talk shows, doit s'ancrer dans la logique commerciale de ces émissions pour aller plus loin. Ce travail et ses limites illustrent les difficultés de la sociologie, y compris celle de Pierre Bourdieu, à rendre compte des médias audiovisuels de masse. Plus généralement, ce travail pose une question épistémologique, rarement abordée, sans doute gênante : à quel point le sociologue comme l'épistémologue doivent-ils disposer de la maîtrise opérationnelle (professionnelle) du domaine et des pratiques qu'ils analysent ? 

Par son approche multiple, dans l'espace et le temps, de la société des spectacles, ce numéro d'ACTES invite à repenser la situation contemporaine des spectacles et notamment de la télévision qui les orchestre et les met en scène, secondée et multipliée au mieux par Internet (cf. le mariage de Kate et William fin avril 2011). Lire ce numéro pour penser la télévision ? Oui, à condition de ne pas perdre de vue ce que la télévision ajoute au spectacle théâtral : une "reproductibilité" numérique ("Reproduzierbarkeit", cf. infra) qui en étend les effets à des centaines de millions de personnes, sur de multiples supports. La caisse de résonance des spectacles, comme l'avaient perçu Walter Benjamin ("technische[n] Reprudizierbarkeit", 1936) puis Marshall McLuhan (War and Peace in the Global Village, 1968) est désormais plus ou moins mondialisée. Il faudra aussi à cette occasion, comme le demande l'oeuvre de Guy Debord, soumettre à la  critique sociologique sa notion de "société du spectacle" (1967) et revenir à l'un de ses énoncés liminaires : "Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation" (o.c. §1).



dimanche 8 mai 2011

Devoir de ne pas oublier

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Jean-Michel Rey, L'oubli dans les temps troublés, Editions de l'Olivier, 2010, 150 p.

L'ouvrage a pour objet l'oubli de l'histoire, oubli que des gouvernants tentent d'imposer sous prétexte de raccommoder des "communautés nationales" déchirées, mais, surtout, parce ces gouvernants sont mal à l'aise avec telle ou telle partie de l'histoire, généralement criminelle. Ainsi a-t-on voulu que les Français oublient : les massacres d'Albigeois (1208-1249), la révocation de l'Edit de Nantes (1685), la Révolution de 1789 (cf. la Charte constitutionnelle de Louis XVIII, article 11), la Commune de Paris (1871), l'Affaire Dreyfus (1894), et, plus récemment, la collaboration de nombreux français avec les nazis, la colonisation, etc. Effacer, amnistier, refouler. Décréter l'amnésie... Par construction, l'oubli serait-il toujours favorable aux assassins et aux criminels, ainsi que Robespierre déjà le notait : "La sensibilité qui gémit presque exclusivement pour les ennemis de la liberté m'est supecte" (1792).

De quel droit des gouvernants intiment-ils l'oubli, prient-ils les victimes de se taire, rectifient-ils l'histoire ? Leurs arguments sont constants : il faut arrêter de resssasser le passé, ne voir que l'avenir, rétablir la concorde, pardonner au nom de l'unité nationale... "L'incident est clos, je vous demande [...] d'oublier ce passé pour ne songer qu'à l'avenir", ordonne aux troupes le ministre des armées, après la grâce du capitaine Dreyfus. Autre exemple, plus récent, qui touche les médias : pendant dix ans, la télévision française d'Etat bloquera le passage à l'antenne du film documentaire "Le Chagrin et la pitié" au prétexte qu'il rouvrait des plaies et divisait la France ! Achevé en 1969, le film ne sera diffusé par la télévision qu'en 1981. A la même époque, novembre 1971, le milicien, l'assassin Paul Touvier, bénéficiait de la grâce grâce présidentielle, en vertu des mêmes arguments. Cf. document : à 1h 05mn 39s de la conférence du Président.
Le livre de Jaen-Miche Rey analyse, déplie méticuleusement les raisonnements mis en oeuvre pour justifier l'oubli de l'histoire. Exercice concluant : il faut oublier l'oubli et réclamer la justice, toute la justice qui seule, sans doute, peut frayer un chemin, sinon à l'oubli, au moins à la paix.
Alors que, à propos du Web et des bases de données, on débat dans les assemblées parlementaires du "droit à l'oubli numérique", la réflexion de Jean-Michel Rey les politiques d'oubli est de première utilité. Le droit à l'oubli importe moins que le devoir de mémoire, moins que la justice.

N.B.  Sur un sujet proche, signalons le livre de Hubertus Knabe, Die Täter sind unter uns. Über das Schönreden der SED-Diktatur, 2008, List Taschenbuch, 384 p. Bibliogr., Index.

L'auteur traite de la situation des anciens complices du régime criminel de la RDA (DDR, Allemagne de l'Est, dite "démocratique") dans l'Allemagne réunifiée, membres de la Stasi, etc. Comment la "réécriture du passé" ("Umschreibung der Vergangenheit") par les anciens criminels peut-elle être acceptée, tolérée ? Que faire de ce passé, de la seconde dictature criminelle de l'Allemagne ? Que faire de la mémoire de ce passé récent ? Les  bourreaux (les coupables / die Täter) sont encore "parmi nous", triomphants, souligne l'auteur ; ils ont leurs associations et contribuent à redorer un passé ("Ostalgie") qui fut criminel ? Or les générations allemandes (et européennes) d'après le Mur ignorent ce que fut la DDR, une dictature criminelle : devoir de mémoire, d'explication rigoureuse et surtout de justice car l'oubli est, comme toujours, favorable aux criminels.

N.B. Notons encore le débat à propos de la culpabilité de la SNCF dans la déportation : faut-il oublier, "réparer"... cf. "The Holocaust's legacy..." et la discussion qui suit l'article.

mercredi 4 mai 2011

Le livre, à la manière des tablettes : Point Deux (.2)

Affichage sur MediaKiosk



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Les tablettes s'emparent du livre. Le livre se moque des tablettes, et s'en inspire. C'est Point 2 (.2).

Conçu par l'éditeur néerlandais Jongblet, repris, en France, par les éditions La Martinière (Seuil, 11 €), il s'agit un mini format dit "ultra-poche" (8x12 cm, 123 g) tenant compte de l'évolution des attentes provoquées par la fréquentation des smartphones et surtout des tablettes, l'iPad étant la référence. Il s'agit de modifier l'ergonomie des livres pour en maximiser la maniabilité (dont la portabilité) : reliure "vol-au-vent", lecture en mode paysage, parallèle à la reliure avec des lignes plus longues, papier opacifié, marque-page, etc.

Maniable, ce livre l'est puisqu'il tient dans la main, ne se referme pas trop quand on l'a ouvert. Retenons de ce nouveau format que l'on peut encore apporter des améliorations au livre traditionnel, que le papier mérite encore des innovations, des startups, des investissements technologiques. Le numérique force les médias traditionnels à évoluer, il ne les condamne pas. Ce qui les condamne, c'est un passage conformiste, sans réflexion, au numérique, une abdication technologique. Regardez la présentation vidéo par le site de l'éditeur qui compare les Point Deux aux tablettes, elle ne manque pas d'humour.

Parmi les premiers ouvrages publiés (35 titres au catalogue la première année), j'ai lu les "Chroniques de la haine ordinaire" de Pierre Desproges, qui reprennent le texte de ses émissions sur France Inter, en 1986. Puisque l'on parle de médias, je vous recommande le chapitre "Sur la grève" (de l'audio-visuel public) du 16 mai 1986 (p. 147 ; d'ailleurs, vous observerez à cette occasion que, si l'éditeur a changé le sens des pages, il a toutefois laissé la pagination à son ancienne place...). Et Pierre Desproges, vingt cinq ans après, est toujours d'actualité, tandis que les noms de ceux qui dirigeaient les médias à l'époque sont bien oubliés.