jeudi 20 juillet 2017

Culture et médias : que dit la paléoanthropologie ?


Jean-Jacques Hublin, Biologie de la culture. Paléoanthropologie du genre Homo, Paris, Fayard, Collège de France, 67 p. Bibliogr.

Le titre dit tout et je ne saurais rien y ajouter. A priori, cette leçon inaugurale du Collège de France (8 octobre 2014), ne s'adresse pas à moi (à nous ?). Heureusement, j'en ai lu les premières pages par hasard, dans une librairie, et je ne l'ai pas lâché, fasciné de bout en bout.
IL s'agit des fondements biologiques de la culture et des extensions média. Ce que j'en ai retenu : l'encéphalisation n'a cessé d'augmenter depuis des centaines de milliers d'années. Les humains d'aujourd'hui, qui sont parents des grands singes africains, s'en distinguent progressivement par une accumulation de traits adaptatifs touchant à la locomotion, l'alimentation et la reproduction.

Cette évolution biologique a permis la complexification technique et sociale, culturelle donc, grâce à l'externalisation des fonctions cognitives sur des supports matériels extérieurs (stockage mémoriel, langage symbolique, représentations, outils de calculs, etc.). Cette externalisation a libéré le cerveau, le rendant disponible pour d'autres tâches : gestion de réseaux sociaux plus grands, plus complexes (coalitions synchroniques) mais aussi dans la durée, addition diachronique de savoir faire, de techniques pour la créativité, le progrès. Prolongements, aurait dit Marshall McLuhan. Jean-Jacques Hublin renvoie aux travaux de Robin Dunbar déjà évoqués ici, à propos de la socialisation (et du bavardage, du grooming). Au passage, évoquant Charles Darwin, l'auteur souligne combien l'homme est une notion floue, contrairement à ses prétentions et à ses mythologies : "il n'y a pas de fossé entre les hommes et les autres créatures" : l'homme n'est pas le centre du monde ! Et le monde est par conséquent intelligible.

En conclusion, Jean-Jacques Hublin, qui ne manque pas une occasion, et c'est salutaire, de provoquer ses auditeurs, souligne qu'en extériorisant le stockage des savoirs, la mémoire et le calcul, les raisonnements même (intelligence artificielle), l'homme libère ses capacités cognitives (intelligence naturelle) pour d'autres tâches. Ces changements "sont la continuation logique, inexorable, d'une évolution commencée il y a deux millions et demi d'années". Dans cette perspective, il faut réévaluer les lamentations conservatrices courantes concernant les médias, les smartphones, Facebook et Google. Platon déjà se plaignait de l'écriture, tombeau de la culture.

Excellente lecture que cette "leçon", modèle pédagogique de vulgarisation. Mais que lire maintenant pour en savoir plus et réfléchir ? La bibliographie est sans pitié pour le non spécialiste !

lundi 17 juillet 2017

Le cas Nietzsche, philologue


Friedrich Nietzsche, Le cas Homère, Paris, éditions HESS, 2017, 151 p.

La connaissance commune de Nietzsche s'arrête souvent à quelques textes, Ainsi parlait Zarathoustra, La Naissance de la Tragédie, Aurores quand ce n'est pas une pseudo Volonté de puissance. Rarement sont pris en compte les premiers textes, ceux du Professeur Nietzsche, helléniste, sommité ("Wunderkind") de la philologie classique européenne. Lire ces textes premiers, dits philologiques, éclaire les textes ultérieurs, dits philosophiques. En effet, Nietzsche ne cessera de se revendiquer "philologue" ("Wir Philologen", écrira-t-il en 1874). Il se vantera d'être "professeur de la lecture lente" ("Man ist nicht umsonst Philologe gewesen, man ist es vielleicht noch, das will sagen, ein Lehrer des langsamen Lesens", Morgenröte, Vorrede, §5). Il dira détester "ceux qui lisent comme des badauds" ("die lesenden Müßiggänger", "Vom Lesen und schreiben", Also Sprach Zarathustra). Et il n'en manquera pas de ces badauds pour lire Nietzsche !

 Le cas Homère (paraphrase d'un titre de Nietzsche sur Le cas Wagner) réunit deux documents : le texte de deux conférences, "Homère et la philologie classique" (prononcée en mai 1869, à l'Université de Bâle où il est Professeur de langue et littérature grecque) et "Le combat des poètes en Eubée" (prononcée devant la société philologique de Leipzig, en juillet 1867).
Le livre comprend une introduction de Carlotta Santini : "Qui a peur d'Homère ? Pour une apologie du chanteur aveugle" et une postface de Pierre Judet de La Combe : "Futur d'une philologie nietzschéenne". L'introduction et la postface, savantes et claires, sont indispensables aux non spécialistes pour s'y retouver : elles replacent le contexte et les enjeux de l'intervention de Nietzsche dans la question homérique.

La question homérique peut être ramenée à une question-clé : y a-t-il un seul Homère (comme on le dit, à partir d'Aristote, Aristarque) ou bien Homère, tel que nous le connaissons, que nous l'avons appris, n'est-il qu'une construction par des médias successsifs : récitations d'aèdes, collages de rhapsodes, effet de la transmission orale d'avant l'écriture (mémorisation, versification) ; effet des dispositions des auditeurs, du public (attention), du spectacle ? En somme, Nietzsche veut reconstituer "l'histoire de l'idée d'Homère", observe Carlotta Santini. Prendre et traiter Homère comme un concept qui s'est personnifié. L'abondance diverse de textes de l'Iliade et de l'Odyssée pose problème : textes des grammairiens d'Alexandrie, de Pergame, manuscrits byzantins, papyrus égyptiens, etc. Quel est le bon texte ? Cette question n'a pas de sens. Homère, dira Pierre Judet de La Combe, est "à prendre comme un long processus", il n'est pas de texte originaire.
Aujourd'hui, la question homérique semble épuisée (cf. Jean Bollack, "Ulysse chez les philologues" in La Grèce de personne. Les mots sous le mythe, 1997), elle relève désormais des sciences sociales. On en a écarté la question de l'auteur, aporétique, on a dé-philosophé la lecture des œuvres pour les philologiser.
Résumons ce qu'apporte cet ouvrage pour la réflexion sur les médias : la remise en question de la notion d'auteur et de la notion de texte. Cette remise en question s'oppose aux notions, intuitives, installées dans les esprits, depuis des siècles, par l'enseignement de la littérature. Cette remise en question se propage vers le droit d'auteur, vers le droit collectif de l'entreprise média au titre de la création de valeur (cf. la notion de marque éditoriale pour le droit voisin des médias et notamment de la presse).

N° du 20 juillet 2017. Actualité...
Bien sûr, la remise en question du texte (originaire, canonique) peut être appliquée à l'œuvre de Nietzsche. Mise à mal par les falsifications antisémites de sa sœur, par les traductions, l'œuvre de Nietzsche est rendue difficile à délimiter par son histoire éditoriale, par l'importante correspondance, par les écrits posthumes ("nachlass") et les écrits de jeunesse (autobiographiques).


Références

Nietzsche mis en dictionnaire
Nietzsche (F), Wir Philologen, 1874
Nietzsche (F),  Der Fall Wagner, 1888
Jean-François Balaudé, Patrick Wotling, "L'art de  bien lire". Nietzsche et la philosophie, VRIN, 2012
Mazzino Montinari, "La volonté de puissance" n'existe pas, L'éclat,1996
Mazzino Montinari, Nietzsche lesen, 1982, Walter de Gruyter

Milman Perry, The Making of Homeric Verse, 1971, Oxford University Press
Gregory Nagy, Homeric Questions, 1996, University of Texas Press
Gregory Nagy, Homer's Text and Language, 2004, University of Illinois Press
Gregory Nagy, Homeric Responses, 2003, University of Texas Press
Gregory Nagy,  Homer the Preclassic, 2010, University of California Press
Alain Ballabriga, Les fictions d'Homère. L'invention mythologique et cosmographique dans l'Odyssée, 1998, PUF

Sur Mediamediorum
Homère, maître d'écoles et ciment culturel
Le texte original n'existe pas. L'écriture et ses technologies
Ecriture et lecture numériques

samedi 8 juillet 2017

Bistrots et cafés : espaces publics populaires ?


Marc Augé, Eloge du bistrot parisien, Paris, 2015, Manuels Payot, 111 p.

Clélia et Eric Zernik, L'attrait des cafés, Paris, 2017, Yellow Now, 111 p.

Le bistrot, à Paris ou en province, est un lieu de socialisation, de rencontre ; c'est un espace public aussi. Il ne pouvait que retenir l'attention d'un anthopologue comme Marc Augé, qui s'intéresse au quotidien, aux jardins de Paris, au vélo, au métro et qu'habite, comme Louis Aragon et les surréalistes, "le sentiment du merveilleux quotidien". Mais Marc Augé fut d'abord un "gamin de Paris" avant d'être étudiant à Paris ; son éloge du bistrot de Paris est livre de connaisseur ! Le bistrot de Paris est un terrain qu'il arpente en ethnologue mais aussi en amateur natif.
Marc Augé est un spécialiste des "non-lieux" ; il y a consacré un ouvrage (Non-Lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité, Éditions du Seuil, 1992). Le non-lieu est anonyme, impersonnel : gare, aéroport, centre commercial. Martin Heidegger déjà distinguait constructions (Bauten) et habitations (Wohnungen). Le bistrot n'est pas un non-lieu : on y retrouve les copains et les copines, on n'y est pas anonyme, au contraire ; on y est plus ou moins vite accepté, on fait bientôt partie de sa famille. Lieu de rencontre pour la belote ou le tarot, l'apéro, le flirt, les discussions pour refaire le monde, l'école, les parents, la révolution, le match, l'échappée gagnante de l'étape... Bistrot divisé en coins. "Les bistrots sont des lieux, au sens plein du terme : la gestion de l'espace y est prioritaire et le temps y est une valeur". Bistrots des premiers rendez-vous, des devoirs bâclés, du billard, du baby foot ("Chez Laurette", Michel Delpech), des humbles boissons, noisettes et petits crème, petit blanc et panaché... "Le bistrot, c'est un lieu entre les lieux", dit Marc Augé. Annexe de l'école ou du lycée, entre boulot et dodo, entre boulot et métro, entre le domicile familial et les cours. Chacun de nous garde dans sa tête un ou plusieurs bistrots, ses racines choisies, son "lieu naturel".

Que voit un ethnologue dans un bistrot ? Un espace social ? Un espace entre le zinc - percolateur, tireuse à bière - et la salle. Il y perçoit des emplois du temps, cafés crème du matin, tartines, heure de pointe du déjeuner, heures creuses, heure de l'apéro. Il y voit des rites (les tournées que l'on paie), des rôles que l'on joue.

Le bistrot est lieu d'habitués (cf. Joris-Karl Huysmans), d'habitudes et lieu de médias avec la presse des courses et du Tiercé, le Parisien au comptoir, la télévision muette et le bruit de la radio, et maintenant un wi-fi gratuit mais approximatif, qui promet plus qu'il ne tient. Des clients viennent avec leur ordinateur portable, leur tablette et s'incrustent... Nathalie Sarraute parlait de la "neutralité bruissante" du bistrot où elle travaillait, indifférente (ou pas ?) aux "brèves de comptoir" que recueillit Jean-Marie Gourio (1980-2015). Le smartphone y a pris la place de la cabine téléphonique ; souvent des écrans débitent de la vidéo... Le bistrot est espace conventionnel avec la tribu des fumeurs maintenant maintenus à la marge, dehors, sur la terrasse, parfois chauffée.
Le cinéma a mis en scène les bistrots (cf.infra), Jean-Paul Sartre aussi dans L'Etre et le Néant ; Marc Augé évoque encore les bistrots de Maigret, ceux de Louis Aragon (Le Paysan de Paris, 1926), d'Ernest Hemingway. Songer encore aux dérives de Guy Debord, de bistrot en bistrot.

Anthropologie légère de notre quotidien, toute d'expériences vécues, car notre anthropologue est chez lui dans les bistrots, de plain pied avec son terrain. Cette anthropologie, comme celle de Claude Lévi-Strauss, est empreinte de nostalgie : Paris sans bistrots, livré par l'urbanisme commercial, aux McDo, KFC ou Starbucks, non-lieux publics ? Marc Augé évoque ainsi, comme Baudelaire, une civilisation qui lui semble disparaître... nos "tristes tropiques".

Clélia et Eric Zernik ont pris un parti d'observation différent, celui du cinéma. Après une belle introduction sur les cafés comme "chez-soi de substitution" et comme "pauvre spectacle", on passe aux représentations cinématographiques du café à partir de six exemples analysés. Marcel Carné ("Les Tricheurs"), Alfred Hitchcock ("Les Oiseaux"), puis Jean-Luc Godard et le "café-philo", Raymond Depardon ("Paris"), Eric Rohmer ("L'amour l'après-midi") et Jean Eustache avec "La maman et la putain" : autant de films, autant de cafés pour y voir plus clair dans le monde des cafés et bistrots. Le café devenant cinéma, et le cinéma devient café, dira Jean-Luc Godard...

N. B.
  • Sur Martin Heidegger et l'habitation, les places et les lieux : "Bauen Wohnen Denken", in Vorträge und Aufsätze, Stuttgart, 1954 (traduction, Essais et conférences, "Bâtir habiter penser", Paris, Gallimard, 1958).
  • Sur les cafés, buffets de gare, voir aussi les textes (années 1880-90) de Joris-Karl Huysmans réunis dans Les Habitués de café, Paris, Edition Sillage, 2015, 61 p., Bibiogr. 6,5 €
Boulogne: "Aux petits oignons", le chef, Michel Hache, derrière le bar, un dimanche matin.
Déjeuner, dîner,  Le Parisien et le wi-fi, pastis et petits crème !

dimanche 2 juillet 2017

Baudelaire, poète de nos disruptions


Antoine Compagnon, Un été avec Baudelaire, 2015, Paris, Equateurs France Inter parallèles, 72 p. 13 €

André Guyaux, Le Paris de Baudelaire, Paris, 2017, Editions Alexandrines, 110 p., Index.

Antoine Compagnon,  Professeur de littérature au Collège de France, avait déjà proposé "un été avec Montaigne". Ce fut un succès inattendu. Il a récidivé avec Charles Baudelaire en 2015.
Travail de vulgarisation. Sans doute : rares ceux qui veulent lire un gros volume sur Charles Baudelaire. En revanche, tout le monde peut reprendre un peu de Baudelaire, oublié peut-être depuis la préparation du baccalauréat de français à la fin de la classe de Première. Et ce n'est pas si saugrenu. Antoine Compagnon parvient à nous donner envie de re/lire Baudelaire : pour cela, il puise dans Les Fleurs du Mal, bien sûr, mais à bien d'autres sources aussi, la correspondance, les articles publiés dans la presse, les critiques, les poèmes en prose, etc.

L'ouvrage se compose de 34 chapitres courts, quelques pages chacun, la ration quotidienne. Parfaite posologie. Quel est l'objectif de ce petit livre qui suit l'émission de radio de l'été 2014, que l'on peut encore écouter (ici) ? Inviter à fréquenter Baudelaire, à parcourir ses textes, "à sauts et à gambades", selon l'expression de Montaigne, pour le plaisir et pour réfléchir et le lire.

L'approche de l'auteur donne à penser un Baudelaire aux prises avec le changement de paradigme culturel : l'urbanisme, les styles de vie, l'éclairage, la photographie. Tout d'abord, on y perçoit que Baudelaire vit -mal - le début de la disruption de la société traditionnelle française, rurale, agricole, monarchiste. Le voici entrant dans une société industrielle, urbaine, qu'installent les grands travaux haussmanniens à Paris, avec ses "rues assourdissantes" qui hurlent, la foule qui s'y presse (cf. Edgar Allan Poe). "Baudelaire n'aimait pas son époque", résume Antoine Compagnon. En effet, Baudelaire refuse "la croyance naïve dans le progrès", ce "fanal obscur", "cette idée grotesque, qui a fleuri sur le terrain pourri de la fatuité moderne" : nouvelles techniques, éclairage au gaz, électricité, machines à vapeur, photographie, suffrage universel (la vérité dans le nombre), colonialisme, militarisme n'annoncent rien de bon et ne constituent certainement pas toujours un progrès. Le peuple n'a-t-il pas élu Napoléon III ! Charles Baudelaire se plaint de la presse certes mais pas de toute presse : "Les journaux à grand format me rendent la vie insupportable" mais, contre la presse de masse qui se développe, il loue "l'utilité du petit journal", celui qui harcèle.
Hors-Série du 29 Juin 2017, 8,5€
Mais, Charles Baudelaire est aussi un classique, qui écrit comme Racine selon le mot de Marcel Proust en 1921, un dandy qui dénonce "le spécialiste", lui préférant l'humaniste, "l'homme de Loisir et d'Education générale". Baudelaire, inclassable, paradoxal, ne cesse d'étonner. Il revendiquait "le droit de se contredire" : il en a usé ! Critique de la presse, il est journaliste à ses heures ; critique de Paris, il s'en éloigne rarement, et il en va ainsi pour lui de la photographie, de Victor Hugo... Homme de son temps, homme de notre temps ; de la révolution industrielle à la révolution numérique, il demeure une fertile fréquentation pour lire les changements. Poète de la disruption, ce qui le rend si proche de nous, qui sommes aux prises, à notre tour, avec une insaisissable disruption. Là où Baudelaire désespère de la modernité, Guillaume Appolinaire et les surréalistes s'en émerveilleront.

Antoine Compagnon a donc gagné son pari. Nous relirons Baudelaire en nous demandant, comme il le fit en son temps, quel sont aujourd'hui les "fanaux obscurs" qui aveuglent et "jettent des ténèbres" sur nos vies, sur notre monde. Notre représentation du progrès encore : numérisation, écrans, portable, réseaux sociaux, robots ? L'intelligence artificielle est-elle le progrès partout célébré ? A quelles conditions ? Quelles croyances nous font avaler le numérique tout rond, ses pompes et ses ouvrages, sans mâcher, sans ruminer ?

"Un été avec ..." devient un genre littéraire hybride, articulant l'oral de l'émission de radio et l'écrit d'un petit livre de synthèse, comme une brève anthologie. Un été avec Machiavel (Patrick Boucheron), avec Victor Hugo, avec Proust... avec Pavese un jour peut-être !
Allons ! Posons notre smartphone, et prenons notre été en main, avec Charles Baudelaire et Antoine Compagnon (cf. aussi son texte dans le Hors-Série du Monde "Baudelaire. Moderne et anti-moderne").

Le Paris de Baudelaire est consacré à la relation complexe de Baudelaire à la ville capitale ("Je t'aime ô capitale infâme"). Gros plan du "rôdeur parisien" visitant l'Exposition Universelle de 1855 où, sur les quais, l'on peut saisir le triomphe de la révolution industrielle, bateaux à vapeur et locomotives. Le Palais de l'industrie vient d'être construit avec sa galerie des machines. Charles Baudelaire dénoncera dans l'idée de progrès une "invention du philosophisme actuel" et même, lui, l'ami de Nadar, "l'industrie photographique".
André Guyaux montre le rôle de la peinture : Baudelaire perçoit Paris à travers le prisme des "Eaux-fortes sur Paris" de Charles Meryon et des dessins de Constantin Guys, "le peintre de la vie moderne". Des voyants, des phares comme Delacroix, Manet, Courbet.

Comme Un été avec BaudelaireLe Paris de Baudelaire apporte un peu de relativisme à la célébration présente de la modernité numérique et à ses manifestions triomphales et intéressées ("badauderie parisienne", aurait pu dire Baudelaire). La modernité n'est pas une idée neuve.