lundi 6 janvier 2020

Deux siècles de générations d'historiens français


Sous la direction de Yann Potin et Jean-François Sirinelli, Générations historiennes. XIXe-XXIè siècle, Paris, CNRS Editions,  800 p., Index nominum (dommage : pas d'index rerum).

Que vaut la notion de génération pour l'historien ?
Ce livre se donne deux siècles d'observations des historiens pour analyser "deux siècles d'historiographie française et d'histoire du milieu historien" ; il procède en trois parties pour "étudier autrement deux siècles de production historique française" : d'abord, c'est un "relevé stratigraphique des générations historiennes", par tranches de 15 années, à partir de 1789-1790, soit au total sur 14 chapitres.
La seconde partie examine l'histoire "au miroir de l'ego-histoire" en donnant la parole à des historiens et historiennes nés entre 1942 et 1983 ; elle se termine par le discours d'un historien appartenant à la génération née en 1983.
Enfin, la troisième partie intitulée "Objets et débats. Une emprise des générations ?" et qui est consacrée à diverses études de cas, entend reprendre, sous l'angle générationnel, les grands débats du champ historique français.

Cet ouvrage est une véritable somme, assurément un grand livre qui reprend l'histoire telle qu'elle a été travaillée en France depuis la Révolution. La variété des auteurs fait voir et repérer la variété des points de vue, des systèmes d'analyse aussi. L'étude sur deux siècles fait voir les principaux tournants de la discipline mais également une certaine uniformité, une certaine continuité dans le travail des historiens et historiennes français. Il faudrait reprendre en détail certaines études pour y déceler les habitudes de l'histoire à la française, les habitus même issus d'un moule générateur : les écoles normales supérieures, les sujets de thèse... C'est peut-être ce qui manque le plus, en fin de volume : une analyse sociologique qui mettrait en évidence les outils et les thèmes communs de ces deux siècles d'historiens et d'historiennes, et montrerait, à mon avis, les faibles écarts les séparant. L'historien français est de son temps, certes, mais il est surtout, encore, du temps long des historiens français, de leur formation (les concours et les jury, etc.) et de leurs carrières, et de leur matière première.

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