vendredi 9 août 2019

Un grand classique en yiddish


H. Leivick, Dans les bagnes du tsar, récit traduit du yiddish par Rachel Ertel, Paris, 2019, L'antilope, 507 p. Préface de Rachel Ertel. Ouvrage.

Cet ouvrage, publié en 1958, est écrit cinquante ans après les événements qu'il raconte, la mise au bagne d'un jeune homme qui s'achève sur le bateau-prison qui l'amène sur la Léna, en Sibérie. Ouvrage testamentaire, estime la traductrice et éminente spécialiste de la littérature yiddish, Rachel Ertel, ouvrage qui mélange différents types de souvenirs.
L'auteur est un des créateurs majeurs de la poésie yiddish. Né en 1888 dans une famille pauvre de Biélorussie, il réussit à mener un parcours religieux jusqu'à une yeshiva (école talmudique juive) de Minsk qu'il quitte pour devenir militant du Bund (parti socialiste juif), au cours de la première révolution russe, en 1905. Arrêté, jugé, il est condamné à six ans de travaux forcés et à la perpétuité "dans les bagnes du tsar". D'où le titre du livre.

L'ouvrage est publié très tard, sous la forme d'un récit autobiographique, à la fin de la vie de H. Leivick (Leivick Halpern). On ne sait pas précisément d'où vient cet ouvrage qui mêle des événements vécus par l'auteur à des événements peut-être imaginaires. L'auteur meurt 74 ans plus tard, à New York où il a vécu depuis son arrivée comme immigrant, en 1913.

 L'ouvrage commence par une entrée dans les ténèbres de la prison où le héros est puni, se poursuit par un passage à l'hôpital de la prison où est soigné son typhus, il s'achève par la descente de la Léna, l'un des longs fleuves qui traversent la Sibérie où les prisonniers sont, ensuite, assignés à résidence. Le livre fait alterner de longs dialogues avec des événements courants de la vie passée, du heder (école élémentaire juive) au déplacement le long de la Léna. Ces dialogues constituent la richesse du livre. L'ouvrage se veut une réflexion philosophique continue où les événements ne sont que le prétexte à des constats moraux élémentaires sur la vie dans ces camps.
L'ouvrage, réaliste, est écrit - et traduit - avec beaucoup d'élégance, et il se lit comme un policier. Beau travail, et superbe traduction.

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