dimanche 11 avril 2010

Contre les statistiques ethniques ?

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Le titre de cet ouvrage, "Le Retour de la race" et son sous-titre ("Contre les statistiques ethniques") indiquent une prise de position hostile aux statistiques ethniques, identifiées comme un danger pour la société française. Une vingtaine de contributions sont réunies, rédigées à partir de leur spécialité académique par des universitaires. Toutes les disciplines qui comptent sont représentées : démographie, sociologie, droit, économie, statistique, anthropologie, géographie, histoire et gestion (ressources humaines). Manquent, hélas, des contributions des sciences du langage et des sciences des médias (marketing, notamment). 

Qu'allons nous faire dans cette galère statistique du "ressenti", de la "diversité", de la "discrimination", de l'"ethnicité", des "minorités"... demandent les auteurs. A quoi bon ? "Leurre politique", diversion, dépolitisation alors que si peu semble entrepris pour réduire les inégalités des chances indiscutables (économiques, scolaires, sociales) ?
La CNIL, prudente, s'en tient à soutenir la prise en compte, par le recensement et les enquêtes publiques, de la nationalité et des lieux de naissance des parents ; elle écarte "tout recours à des référentiels ethno-raciaux".

Il est courant aux Etats-Unis d'évoquer des variables ethniques à propos de la représentativité des panels servant aux opérations de mesure et de commercialisation de l'audience des médias. La question est à l'ordre du jour depuis des années ; elle occupe même régulièrement le devant de la scène politique au moment des élections présidentielles. Cf. les revendications du mouvement "Don't Count Us Out / Queremos Ser Contados" en 2004 à propos de Nielsen ou encore les procès intentés à l'institut d'études Arbitron, dont certains panels sont déclarés non représentatifs. Or la représentativité est jugée par rapport au recensement, lui-même discutable dans sa définition, ineffectuable, de "Hispanic" et d' "African-American", entre autres (cf. le débat en cours). Le MRC, qui audite la méthodologie des panels utilisées par les médias, se plaint quant à lui de la sous-utilisation de questionnaires bilingues pour le recrutement... Les statistiques ethniques sont-elles nécessairement fausses ?

Ceux qui travaillent dans le marketing, les médias et la publicité ont tout intérêt à suivre et animer ce débat. Imaginons, par exemple, les dégats, directs et indirects provoqués par ces notions "ethniques" une fois traduites en cibles et en affinité, une fois manipulées avec la diginité de concepts !
Le risque le plus grave que pourrait faire courir l'usage courant, et a fortiori professionnel de "statistiques ethniques" serait de rendre acceptables et légitimes des notions aux connotations racistes. Livre à débattre.
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